être connus de leurs peuples. Ces maîtres ! ces rois ! ce sont des marchands ; c’est la compagnie anglaise des Indes-Orientales.
La compagnie des Indes fut créée en 1612 ; elle obtint de la reine Élisabeth le monopole du commerce dans cette partie du monde ; la reine Anne confirma ce monopole en 1711. Ce ne fut pourtant que vers le milieu du dernier siècle, qu’assistée des troupes du roi, la compagnie commença à faire des conquêtes ou des acquisitions de territoire. Bientôt ces acquisitions eurent pris une telle importance, qu’il fallut s’occupe d’organiser le gouvernement d’après de nouvelles bases, plus larges et plus solides. En conséquence, un bill voté par le parlement plaça les intérêts territoriaux de la compagnie sous la surveillance de la couronne, et confia l’examen de ses actes à un bureau de contrôle, dont plusieurs membres du conseil privé firent nécessairement partie[1]. La compagnie est actuellement composée de plus de mille actionnaires. Quiconque
- ↑ Une chose digne de remarque c’est qu’à mesure que les intérêts politiques de la compagnie s’agrandirent, son commerce sembla décroître. En 1813, époque du renouvellement de sa charte, le monopole fut aboli, et les marchés de l’Inde furent ouverts à tous les bâtimens anglais. On y mit seulement certaines restrictions, telles que la grandeur des navires, les ports d’Angleterre où ils prendraient leur cargaison, et ceux de l’Inde où ils seraient tenus d’aborder. La compagnie conserva le privilége exclusif du commerce avec la Chine, et ce monopole, à notre avis, procure de grands avantages, non-seulement à la compagnie, mais à l’Angleterre. Les Anglais doivent, sans doute, désirer d’étendre leurs relations avec la nation chinoise ; mais il serait à craindre que leurs tentatives excitassent les soupçons d’un gouvernement jaloux, et qu’ils ne réussissent pas mieux que d’autres nations européennes. Alors le grand crédit dont l’Angleterre est redevable, en ce moment, aux résidens de sa brillante factorerie, se trouverait fortement ébranlé, et peut-être se verrait-elle réduite à ne plus recevoir le thé qu’elle consomme, que par des navires étrangers. Il se présente encore quelques objections. L’Angleterre frappe le thé d’une taxe de 100 pour 100, ce qui lui donne un revenu net de 4 millions de livres sterlings (100 millions de francs), sans que la perception lui en coûte un denier. La compagnie expédie tout le thé pour Londres où il et emmagasiné, et elle en acquitte elle-même le droit. Quelle différence, si chaque marchand avait la fa-