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SUR L’HISTOIRE DE POLOGNE.

toire d’un pays dont la langue est si peu connue, et les monumens scientifiques si peu répandus. Il reste à désirer que la littérature française s’enrichisse bientôt d’une traduction complète de Lelevel, ou de quelque autre historien célèbre. Alors on pourra s’assurer plus facilement que, chez nos écrivains les plus élégans, comme les plus exacts, la langue latine a fait place depuis long-temps à l’expression énergique et brillante de l’idiôme national.

Dans un prochain article, nous traiterons de la législation politique de l’ancienne Pologne. À une époque où toutes les idées sont dirigées vers un perfectionnement social, il ne sera pas sans importance de jeter un coup-d’œil sur les lois d’un État qui avait déjà une législation complète en 1347, son Neminem captivabimus (habeas corpus) en 1430, une assemblée représentative régulière en 1468, qui abolit le droit d’aînesse en 1538, et institua des tribunaux indépendans en 1578.


M… de Varsovie.

    des panégyriques. Le macaronisme latin ajoute encore à la corruption de la langue. Les victoires de Sobieski, plus brillantes qu’utiles, ouvrirent le champ aux panégyristes. Albert Bartochowski, jésuite, dédia au roi Sobieski, à son retour de Vienne, un éloge connu sous le titre de Fulmen Orientis, d’une éloquence affectée, plein d’idées vides et d’un sens obscur ; ce qu’on honorait alors du nom de style élégant et fleuri. Cette apologie plut beaucoup à la cour, et dès-lors l’auteur a trouvé une foule d’imitateurs. Toute la littérature fut bientôt encombrée de panégyriques, où des hommes presque inconnus étaient comparés aux César et aux Alexandre. Pour étaler leur érudition, les auteurs cherchaient à mêler les expressions latines dans les phrases polonaises ; c’était d’une nécessité rigoureuse pour mériter les applaudissemens publics, etc. » Tel fut, selon Bentkowski, le goût littéraire du temps de Sobiéski. Il est impossible d’hésiter en présence d’une autorité aussi respectable.