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COUP-D’ŒIL

Sigismonds, qui réunirent, par un lien fraternel, les deux peuples de Lithuanie et de Pologne ; Bathory enfin, qui aurait reçu le nom de législateur de la patrie, si une mort violente, après dix ans d’un règne glorieux, ne l’avait enlevé à ses vastes travaux : voilà aussi de grands princes dont s’enorgueillissent les fastes de la Pologne[1] !

La critique débute ordinairement par des remarques flatteuses ; elle n’use, pour ainsi dire, de son droit de blâmer, qu’après s’être rassurée contre les ressentimens de l’amour-propre. Nous avons procédé différemment. Les talens de M. de Salvandy sont trop supérieurs pour avoir besoin de ménagemens, et son ouvrage renferme trop de vraies beautés, pour que son mérite puisse avoir quelque chose à craindre de nos observations. Tout ce qui peut honorer un écrivain, des sentimens généreux, une sympathie sincère pour le malheur et une sage liberté, la haine pour la tyrannie, sous quelque forme qu’elle se présente, telle sont les qualités de M. de Salvandy. Un étranger ne saurait mieux écrire l’his-

  1. Je pourrais indiquer encore plusieurs erreurs de l’histoire de Pologne, qui, sans être fondamentales, présentent cependant quelque importance. Telle est cette assertion de M. de Salvandy, que ce fut en 1685, pour la première fois, que les Polonais se hasardèrent à tenter le siége d’une place forte. Telle est cette autre erreur que, dans tout le cours des siècles qui précédèrent le règne de Sobieski, la république n’avait compté qu’un seul membre dans le sacré collége.

    « La presse polonaise, dit encore M. de Salvandy, publia, sous le règne de Jean iii, plus d’ouvrages que pendant les deux siècles précédens. La langue, jusqu’alors négligée, commença à être en honneur ; et c’est depuis lors surtout que le génie polonais en a multiplié les monumens. » Voici la réponse que je puise dans l’Histoire littéraire de Pologne, publiée en 1815, par le professeur Bentkowski. Après avoir retracé l’état des lumières au XVIe siècle, le savant auteur ajoute : « Ce siècle produisit le plus grand nombre d’écrivains, tant dans la langue nationale, que dans celle de Cicéron, d’Horace et de Tite-Live. Les premiers pourraient aujourd’hui même encore servir de modèle pour la pureté, la simplicité austère de leur style, et sa teinte vraiment polonaise ; les derniers sont très-estimés par les étrangers eux-mêmes… Ce n’est que de l’invasion des jésuites (1622) qu’il faut dater la décadence des lumières. Cet ordre religieux commence l’ère des discussions théologiques, qui fut suivie de celle