2. Synésius[1] nous apprend tout d’abord (57, 9, suiv.) que Démocrite, étant venu en Égypte, fut initié dans le temple de Memphis, avec tous les prêtres égyptiens, par le grand Ostanès ; que, partant de là, il composa quatre livres de teintures, sur l’or, l’argent, les pierres (précieuses) et la pourpre.
Ce qui nous reste dans les Φυσιϰὰ ϰαὶ μυστιϰά correspond seulement à deux de ces livres, celui de l’or (43, 22-49, 22) et celui de l’argent (49, 22-53, 15) ; il nous reste de plus au début (41, 1-42, 20) un fragment (de la fin ?) du livre de la pourpre et enfin (42, 24-43, 22) un récit de faits censément arrivés après la mort d’Ostanès.
Au reste l’ordre dans lequel Synésius cite les livres de Démocrite n’est point celui qui était généralement adopté. Il ressort, en effet, d’un passage du commentateur chrétien (395) que le livre de l’or était compté comme le troisième et celui de l’argent comme le quatrième. Le livre des pierres semble au contraire, d’après le même passage, avoir été le second ; le fragment sur la pourpre aurait donc appartenu au premier livre. En tout cas, Synésius ne paraît nullement avoir connu le cinquième livre, à Leucippe.
Quant au récit prétendûment fait par Démocrite, il devait sans doute faire partie de l’un des quatre livres, mais on ne sait trop dans lequel il était placé. Synésius en cite la formule d’Ostanès sur la triple action de la nature (43, 20). Il donne encore, sur les relations de Démocrite avec son maître, ce détail important que ce dernier, au témoignage du philosophe d’Abdère, n’employait ni les projections ni les grillages usités chez les Égyptiens, mais que, suivant en cela les procédés des Perses, il enduisait extérieurement les corps d’ingrédients, qu’il y faisait pénétrer par la cuisson (57, 21-58, 3). Enfin Synésius cite textuellement une phrase de la partie perdue des récits du pseudo-Démocrite (53, 12) :
Fr. 1 : ὀρϰία ἡμῖν ἔθετο μηδενὶ σαφῶς ἐϰδοῦναι
et où il s’agit évidemment du serment qu’Ostanès fait prononcer aux adeptes, avant l’initiation.
- ↑ Je cite d’après la Collection des anciens alchimistes grecs (Paris, Steinheil, 1887-1888). Le premier nombre indique la page, le second la ligne.