ignorants n’auraient-ils pas été des Phéniciens ? Je m’aperçois que M. Mallet, dans un récent article, considère aussi comme probable l’origine phénicienne de quelques-uns de ces scarabées[1]. Quant aux rapprochements que M. Mallet a établis entre les caractères singuliers des graffites de Naucratis et certains signes de l’écriture hiératique, l’intérêt de la thèse que je défends ne m’oblige pas à y insister.
On a souvent répété que les vases de Naucratis devaient être antérieurs au vie siècle, mais je crois devoir, dans l’intérêt de la simplicité et de la clarté, laisser de côté cette discussion d’ordre archéologique pour me renfermer sur le terrain de nos inscriptions.
M. E. Gardner a le mérite d’avoir posé le premier ce double problème : 1o l’alphabet d’Abou-Simboul représente-t-il nécessairement le stage primitif de l’écriture ionienne ? c’est-à-dire, existe-t-il une relation chronologique entre les formes de l’alphabet d’Abou-Simboul et celles des inscriptions les plus archaïques de l’Ionie ? 2o En particulier, peut-on affirmer que, dans l’alphabet ionien, le sigma à trois branches ait précédé le sigma à quatre branches, et ne serait-il pas loisible d’admettre que ces deux signes dérivent de deux caractères phéniciens différents, le tsade et le schin ?[2].
Toutefois, M. E. Gardner lui-même propose aussitôt après de reconnaître une relation chronologique entre ces deux formes ; à la suite de M. Mommsen[3], il considère le sigma à trois branches comme plus récent, après avoir fait observer avec raison que le Σ est plus voisin du schin phénicien que le ϟ. J’avais également présenté cette observation dans le Musée Rhénan[4], mais sans pouvoir me dégager de la doctrine de M. Kirchhoff sur l’antériorité de la forme la plus courte. Les recherches auxquelles je me suis livré depuis à ce sujet m’ont conduit à une vue nouvelle sur l’histoire entière de l’alphabet ionien. C’est ce qui me reste à exposer ici.
Tout d’abord, j’avais remarqué[5] que, dans l’hypothèse géné-