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Mais ce sont là de petites chicanes. Peut-être doit-on regretter davantage l’absence de bibliographie. Assurément, jamais le rôle du cheval dans l’Antiquité n’avait été l’objet d’une enquête aussi complète et aussi pénétrante. Cependant, il existait déjà des études intéressantes et dignes d’attention. Pour n’en citer qu’un exemple, il suffit de nommer Helbig pour se rappeler ses importants travaux sur les hippeis athéniens et sur les equites romains. M. Lefebvre des Noëttes y eût trouvé l’emploi d’une méthode analogue à la sienne et des résultats concordants, mais, sur certains points, plus complets ou du moins plus précis.

C’est, du reste, une remarque très digne d’intérêt que quand M. Lefebvre des Noëttes se rencontre involontairement avec ses devanciers, c’est dans les cas où ils avaient vu juste, tandis que, quand il les contredit, c’est toujours lui qui a raison.

Il est aisé de s’en rendre compte grâce à la méthode d’exposition non seulement très claire, mais de la plus scrupuleuse honnêteté. Pas de texte allégué qui ne soit cité, pas de monument invoqué dont l’image photographique ne soit placée sous les yeux du lecteur. Ces figures sont au nombre de cinq cents, auquel il faut ajouter quarante-six figures au trait, parfaitement exécutées, réparties dans le texte. C’est là l’attestation visible de la valeur de l’ouvrage et l’un de ses titres à figurer dans la bibliothèque de l’archéologue, du philologue, de l’historien. Un excellent index alphabétique complète heureusement l’ouvrage.

J’ajoute, enfin — je l’avais déjà dit pour le précédent ouvrage — que ce livre fait penser. D’une part, volontaire ou non, c’est un argument de premier ordre en faveur du « matérialisme historique ». D’autre part, on est confondu de voir combien de siècles l’Antiquité, si souvent ingénieuse, a attelé le cheval sans inventer le cellier d’épaules et l’a monté sans inventer les étriers. Il faut avouer que notre admiration pour elle en sort quelque peu diminuée. Elle a heureusement d’autres titres à notre estime.

Le premier ouvrage du commandant Lefebvre des Noëttes est déjà classique. Le second ne tardera pas à l’être et nul historien, désormais, ne saurait être excusé d’en ignorer les conclusions.


Paul COUISSIN.
Marseille, château Borély.