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Nous avons souligné, en reprenant la publication de la Revue, la nécessité, plus impérieuse que jamais, de réfléchir sur l’objet et sur le rôle de l’histoire. Parmi nos collaborateurs, personne plus que Lucien Febvre ne cherche, pour sa part, à rendre le travail historique conscient. Divers articles, sa Franche-Comté, ses thèses remarquables ont précisé son attitude — qui consiste à vouloir faire de l’histoire une science, non en improvisant des synthèses hasardeuses, mais en mettant dans l’analyse l’esprit de synthèse. Il est de ceux qui, à l’Université de Strasbourg, — foyer d’activité intense, — mènent avec lucidité la tâche organisatrice. Nous sommes heureux de publier la leçon d’ouverture de son cours d’histoire moderne. — H. B.


À l’heure où, pour la première fois, je prends la parole en public dans l’Université française de l’Alsace française, à l’heure où, plus fortement que jamais, je sens ce que pèse l’honneur de donner ici l’un des enseignements capitaux de cette Université, celui de l’histoire moderne — quel que soit mon désir d’éviter ce qui ressemble à un vain apparat, je ne puis m’empêcher de rechercher avec vous, brièvement mais en toute conscience, les raisons d’être profondes, les conditions nécessaires, les principes de cet enseignement tel que je le comprends — tel que nous le comprenons.

Si j’apporte avec moi, comme un idéal, le beau mot de Michelet : que l’enseignement est une amitié — je vous dois cette recherche. Car une amitié durable, une amitié digne de son nom ne se fonde que dans la clarté. C’est le fruit d’une connaissance parfaite et d’une sincérité vraiment candide. Je vous dois cette recherche. Mais ne songeriez-vous pas à réclamer ma dette, je sentirais pour moi, profondément, le besoin d’une sorte d’examen de conscience qui, pour être solennel, n’a pas besoin d’être grandiloquent.