tous les êtres l’homme est celui où la symétrie est la plus parfaite, les parties y étant les plus proportionnées entre elles et avec le tout. C’est chez lui, par exemple, que les différents membres ont la dimension et la force qui répondent le mieux aux dimensions et à la force les uns des autres et du corps et de la tête. Mais la symétrie ne suffit pas à la beauté ; il y faut de plus, a dit Plotin, la vie de laquelle témoigne le mouvement. Le mouvement s’estime par le temps et le nombre. C’est ce que dit le mot eurythmie. Rythme c’est nombre, et εὖ, ou bien, signifie que c’est chose qui s’estime par sentiment plutôt que par jugement. Le mouvement qui fait bien et qu’apprécie ainsi la sensibilité, c’est la grâce. Vie, nombre, grâce, c’est ce qui fait véritablement, en la parfaisant, la beauté. Et c’est ce que la nature montre plus que partout ailleurs dans la figure humaine.
La grâce relève du sentiment et elle l’exprime. Elle exprime proprement les sentiments de l’ordre le plus élevé, qui sont les affections bienveillantes, manifestations par excellence de la nature divine. Elle les exprime surtout dans les mouvements que Léonard de Vinci appelle les mouvements divins : moti divini. Tels les « airs » de tête dans ses tableaux, dans ses Christ, ses Madones, ses saint Jean. Tels surtout ceux qui se rencontrent dans les compositions du Perugin, de Fra Bartolomeo, du Corrège, l’intime de Rubens, de Rembrandt, de Murillo.
Et de ces mouvements la formule générale est, pourrait-on dire, l’abandon ou la condescendance. Le principe créateur avec les lignes où il s’incarne se répand, comme une source qui s’épanche, dans toutes les parties de l’ensemble, et s’y transforme pour qu’il en renaisse d’autant plus digne d’admiration et d’amour.
À tout cela il y a un élément. Cet élément est le battement, le mouvement propre au cœur et par lequel, dans l’œuf immobile, il annonce, en un moment sacré, son existence. Le battement c’est élévation et abaissement, sursum et deorsum, autrement dit éveil et sommeil, vie et mort[1].
- ↑ Variante : Il est dans les formes et les mouvements des vivants un trait essentiel qu’accusent les grands maîtres de l’art et qui, ainsi prononcé, jette du jour sur toute la méthode de la nature. Ce caractère est l’ondulation. Le principe en est le mouvement par lequel toute chose, en son développement, descend en se dédoublant à une image d’elle-même, mouvement répété, coupé d’intermittences ; de là les vibrations, battements, palpitations qui dans des fluides en mouvement deviennent les ondes. Les ondes sont particulièrement sensibles dans l’allure des reptiles et cette allure se retrouve soit dans les formes, soil dans la pro-