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revue de métaphysique et de morale.

Elle se comporte donc comme l’âme libérale dont c’est la disposition de s’incarner et de s’incorporer pour se communiquer. Quoi donc de plus plausible que de croire que telle est, en effet, la méthode et la loi de la nature ? La nature serait ainsi l’histoire de l’âme, histoire continuée, achevée par l’humanité et par son art.

Et alors le monde s’explique comme une révélation progressive de la divinité créatrice et de l’âme son image et son interprète. Et Verbum erat Deus et ommia per ipsum facta sunt.

De cette révélation la formule est la suivante. L’âme, le principe actif, se ramasse en des germes dans chacun desquels se concentre et s’enkyste sa vertu formatrice. Son unité essentielle s’y divise pour constituer à chaque génération une polarisation en deux sexes qui s’unissent par le mariage et reconstituent sous l’influence de l’amour une nouvelle unité.

En même temps d’une tendance constante à la perfection, non, comme on l’avait dit, par la division seule du travail entre les organes, mais par la coordination de leurs actions que rend possible cette division, de cette tendance à la perfection est résulté enfin l’avènement, par lequel tout s’est achevé, de l’espèce humaine, image de l’âme et de la divinité et, en elle, celle de la parfaite beauté.

Étienne-Geoffroy Saint-Hilaire avait dit que la nature semblait tendre dès l’origine à la formation de l’homme et qu’aussitôt que l’état des milieux le permettait, elle le créait. En même temps la nature tendait à la beauté. Dans toutes ses espèces chaque individu atteint dans la perfection de son organisation, au moins pour les formes extérieures, toute la beauté dont elle est susceptible. Et il se trouve, sans que nous en sachions la raison, que cette beauté est la plus haute que nous puissions, en sorte que nous ne pouvons imaginer aucun changement qui ne lui nuise.

L’humanité est donc la mesure esthétique comme la mesure scientifique de toutes choses.

Si l’humanité est le but où toute la nature a toujours tendu, il en résulte, la fin manifestant le principe, qu’en réalité c’est par l’huma-


    expliqué Herder, la loi fondamentale du parallélisme, la seconde partie de chaque verset étant contre-partie du premier. Telle dans la musique la loi du contrepoint et de l’imitation.
    Le type en est le mouvement de l’esprit, c’est-à-dire de l’être complet. C’est ce qu’exprime pour la divinité la théologie chrétienne dans son dogme de la Trinité une et triple, la divinité y passant de l’identité radicale à une dualité dont on fait une nouvelle unité.