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TROISIÈME

DIALOGUE PHILOSOPHIQUE

ENTRE EUDOXE ET ARISTE


EUDOXE. — Eh bien ! mon cher Ariste, sur quoi vous plaît-il que porte aujourd’hui notre entretien ?

ARISTE. — Vous savez mieux que moi où nous allons ; conduisez-moi.

EUDOXE. — Sait-on jamais où l’on va ? Convient-il même d’aller quelque part ? Pour aller d’une chose à une autre, il faut suivre un certain chemin ; mais dans une idée quelconque, on découvre, si l’on veut, toutes les autres. Choisissez donc vous-même le sujet de notre entretien.

ARISTE. — Nous avons parlé jusqu’ici des choses et de la science des choses ; vous plaît-il que, fermant les yeux au monde extérieur, nous tournions notre attention vers ce monde intérieur qui est nous-même ?

EUDOXE. — Je le veux bien, mais vous me guiderez, mon cher Ariste, dans ce monde intérieur qui m’est inconnu.

ARISTE. — Comment ? Ne vous est-il jamais arrivé de descendre en vous-même, de vous regarder penser, de chercher à découvrir par l’observation intérieure les lois de votre nature spirituelle ?

EUDOXE. — Non, Ariste, j’ai regardé toujours les choses animées et inanimées, afin de connaître leur nature.

ARISTE. — J’ai toujours cru qu’il fallait avant tout se connaître soi-même.

EUDOXE. — Je crois qu’il faut s’oublier soi-même et se consacrer tout entier à la vérité impersonnelle.