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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

existerait ; ni intérieure, car l’être absolument infini et souverainement parfait ne peut évidemment impliquer contradiction.

C’est la même preuve que la première, sauf que dans celle-là Spinoza dit : Dieu existe nécessairement, car il est substance, et dans celle-ci : Dieu existe nécessairement, car il n’y a rien qui puisse l’ôter, vu qu’étant infini il ne peut être contradictoire. Dans la première preuve ? Spinoza sous-entend l’infinité et se fonde sur la substance ; ici il fait l’inverse, mais dans les deux cas le principe de l’argument est le même : j’ai l’idée claire et distincte, non contradictoire d’une substance absolument infinie (donc elle existe nécessairement, car il est de l’essence de ce qui est conçu par soi (substance), d’exister). Plus simplement : je conçois clairement et par soi un absolu infini ; donc il existe nécessairement, car cela seul peut ne pas exister étant conçu, qui n’est pas conçu par soi.

— En un mot : nous concevons un en soi infini : rien ne peut le poser ni l’ôter, donc il se pose lui-même nécessairement.

— Ce qui revient à :

Le fini n’est concevable que par l’infini et l’en autre chose que par l’en soi ; donc l’en soi infini existe par soi, est cause de soi, car la cause n’est rien que ce qui explique, et l’en soi infini s’explique par soi et rien d’autre ne peut ni l’expliquer ni l’empêcher de s’expliquer.

Tout l’argument est dans cette phrase du se. 2 de P. 8 : « Mais la vérité des substances en dehors de l’entendement n’est pas ailleurs qu’en elles-mêmes, parce qu’elles sont conçues par elles-mêmes. Si donc quelqu’un disait qu’il a une idée claire et distincte, c’est-à-dire vraie d’une substance, et que cependant il doute si une telle substance existe, ce serait vraiment comme s’il disait qu’il a une idée vraie, mais que néanmoins il doute si elle est vraie : un peu d’attention rend la chose évidente. »

3me preuve. — Il existe des choses finies (nous par exemple). Or elles sont substances ou dans une substance, c’est-à-dire qu’elles existent soit par elles-mêmes nécessairement, soit par autre chose qui existe par soi-même nécessairement ; de toute manière, il y a donc du nécessaire, qui sera le fini ou l’infini. Si c’est le fini il aura plus de puissance, c’est-à-dire dans la langue de Spinoza, plus de réalité, que l’être absolument infini dont nous avons l’idée claire et distincte, et cela est absurde. [Autrement dit nous avons l’idée claire et distincte de l’être absolument infini : il s’agit de