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J. LAGNEAU.QUELQUES NOTES SUR SPINOZA.

lité des substances à plusieurs attributs ; en un mot qui justifie la définition 6 de Dieu.

Cf. Scolie 1 de P. 8 : quum infinitum sit absoluta affirmatio existentiæ alicujus naturæ….. Cf. la définition 8 : Per æternitatem intelligo ipsam existentiam, quatenus ex sola rei æternge definitione necessario sequi concipitur. Cf. définition 7 : Ea res libera dicitur, qua ex sola suæ naturæ necessitate existit et a se sola ad agendum determinatur.

Ainsi Spinoza objective simplement ses affirmations absolues de même qu’il réalise les formes (substance, étendue) et les considère comme le véritable réel d’où le divers vient. Il y a deux manières de percevoir l’unité : la concevoir (abstraction vide au fond, schématique, subjective, égoïste), ou la sentir avant toute représentation. C’est ce sentiment de la co-existence du divers non mathématique qui est vraiment inventeur, et aussi objectivement désintéressé.

(11). Par la définition 6, Spinoza définit Dieu : per Deum intelligo ens absolute infinitum, hoc est substantiam constantem infinitis attributis, quorum unumquodque æternam et infinitam essentiam exprimit.

Son existence.

1re preuve. — S’il n’existe pas, par ax. 7 son essence ne comprend pas l’existence, ce qui est absurde par P. 7 [parce que Dieu est une substance].

Ainsi Spinoza ne prouve pas ici l’existence de Dieu, mais l’existence de la substance. Ce n’est qu’une répétition de la P. 7, ou plutôt il passe ici du genre à l’espèce, de la substance en général à la substance absolument infinie, laquelle il a établi par P, 9 et 10 et surtout dans le scolie de P. 10 être équivalente à l’idée de substance constans infinitis attributis et n’impliquer pas contradiction, en quoi il ne fait que justifier sa définition 6 de Dieu.

2me preuve. — Dieu existe nécessairement s’il n’y a aucune cause qui l’empêche d’exister. [Quand une chose existe ou n’existe pas, il faut qu’il y ait, dit Spinoza, une cause qui la fasse exister ou l’en empêche. Cette cause peut être en elle ou en dehors : en elle c’est la contradiction (cercle triangulaire), en dehors c’est l’ordre de la nature (pour les modes seulement). Cause intérieure ou extérieure dans le cas de l’existence de Dieu. Extérieure, non, car elle devrait être de même nature (sans quoi nulle action possible) et alors Dieu