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J. LAGNEAU.QUELQUES NOTES SUR SPINOZA.

Pour lui l’objet de la pensée, c’est l’attribut non immédiatement présent, mais dégagé des affections perçues par l’imagination. Tout le reste est rapport, idées générales, sans objet à part, aide de l’imaginatlon, être de raison et doit disparaître. La pensée est donc suspendue à son objet. C’est par lui qu’elle tient aux autres pensées, son fond n’est rien, sa surface est tout. Son éternité n’est que la loi, c’est-à-dire, comme il dit dans la suite du passage, la nature nécessaire de son objet. C’est l’inverse chez Leibniz. Pour lui le fond est tout, la surface, l’étendue n’est rien qu’un rapport, qu’une représentation. Le fond, c’est ce que Spinoza appelle aides de l’imagination, êtres de raison.

Spinoza n’a pas de psychologie ou en a une purement physiologique ; il néglige complètement la théorie des opérations, qui ne sont pour lui que des aides.

Son système, c’est l’idéalisme (platonicien) renversé, cherchant la réalité non dans l’idée subjective, mais dans l’objet perçu, encore nécessaire et éternel ; c’est la raison directement appliquée à la perception, c’est l’Eléatisme.

Pas de psychologie analytique : toutes les erreurs du nominalisme psycho-physique, le supérieur ramené à l’inférieur (P. XVIII, P. 2). La mémoire confondue avec l’imagination et l’association (il est vrai qu’il distingue bien l’idée de l’image).

Lettre 27 à S. de Vries sur le rapport de la substance et des attributs. S. de Vries se plaint que Spinoza n’ait pas démontré que la substance puisse avoir plusieurs attributs. Spinoza répond :

1° Que rien n’est plus évident que cette vérité que la substance doit être conçue sous un attribut ;

2° Que plus elle a de réalité, plus elle a d’attributs.

Il répète ensuite les définitions de la substance et de l’attribut, comme il les a communiquées, dit-il, à S. de Vries. Cependant elles ne sont pas dans les termes de l’Éthique, au moins celle de l’attribut.

« Par substance j’entends ce qui est en soi et est conçu par soi, c’est-à-dire ce dont le concept n’enveloppe pas le concept d’une autre chose.

« Par attribut j’entends exactement la même chose avec cette différence que l’attribut se rapporte à l’entendement, nisi quod attribulum dicatur respectu intellectus, substantiae certam naturam tribuentis (telle notion déterminée). »