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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

avec celle d’autres corps, et elle les perçoit comme existant en acte (non comme nécessaires).

Les âmes s’entre-déterminent et sont causes les unes des autres comme les corps (P. IX, P. 2, etc.).

L’idée de l’âme est unie à l’âme de la même façon que l’âme est unie au corps, c’est-à-dire comme à son objet. L’idée du corps (ou l’âme) ne fait avec le corps qu’un seul individu considéré sous deux attributs ; de même l’idée de l’âme (c’est-à-dire d’une idée) n’est autre chose que la forme de cette idée (l’âme), en tant qu’on la considère sans avoir égard à son objet, et ainsi des idées d’idées à l’infini (cf. De Emend. intell., p. 366).

Ainsi l’étendue est l’objet nécessaire de la pensée et ne fait qu’un avec elle ; mais Spinoza ne va pas jusqu’à la considérer comme une simple représentation, un phénomène, ainsi que fera Leibniz. Pour Spinoza la pensée tourne autour de son objet, et son idéal est de s’y adapter parfaitement. Là seulement est l’éternité : c’est celle d’une huître collée au rocher, minimum de pensée. C’est l’objectivisme absolu, avec l’infinitisme et l’éternisme.

Si vous ôtez la substance (attributs) et les modes, il n’y a plus rien, rien de conçu ni d’existant.

L’idée n’est que la connaissance même, et cette connaissance est définie par son objet ; elle n’est en dehors de lui que sa forme même, elle n’est pas un acte au sens métaphysique, pas plus que l’effort (sur l’effort, voir Cogit. met., chap. vi, p. 1).

49, 2, scol. du coroll. L’idée ne consiste ni dans l’image, ni dans le mot, qui ne sont que des mouvements corporels. Mais elle enveloppe l’affirmation et la négation (volonté) et n’enveloppe pas, en tant que mode de la pensée, le concept de l’étendue. Elle n’est donc pas formée arbitrairement comme le pensent ceux qui croient que les idées se forment par la rencontre des images des corps extérieurs, et que par conséquent celles qui ne correspondent pas à des corps sont des fictions arbitraires. La volonté distinguée du désir m. sc. La volonté n’est pas une faculté, mais une idée universelle commune a toutes les volitions : l’universum.

Le spinozisme est donc un idéalisme objectif, excluant absolument l’idée de puissance, d’action, de chose en soi (le bonum metaphysicum de Cogit., I, chap. vi). Rien au delà de ce qui est conçu ou plutôt perçu. C’est l’empirisme a priori, idéaliste. Il admet tout l’empirisme, le matérialisme, etc., et concilie.