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J. LAGNEAU.QUELQUES NOTES SUR SPINOZA.

est probablement avec l’appendice ce que nous avons de plus ancien de lui.

Forme dialogique
Forme polémique du Tr. brev.
Forme polémique du Tract. br. Forme dogmatique de l’Ethique

L’appendice présente la même chose. Cela n’est pas cartésien, ni, sous aucune forme, juif-philosophique. Cependant cette chasse à l’unité absolue est bien juive. On peut admettre une prédisposition due à l’éducation religieuse (c’est aussi platonicien), mais l’unité spinoziste n’est pas l’unité abstraite, c’est l’unité immanente, et il fallait la puissance de pensée de Spinoza pour la concevoir, ou pour mieux dire la sentir dans sa plénitude, où tout le reste est condensé. On voit parla que si haut que l’on remonte dans la pensée de Spinoza, on la trouve formée, il n’a fait ensuite que l’expliquer, dans une forme et une terminologie qui ont varié pour devenir elles-mêmes de plus en plus unes, mais sans que rien s’ajoutât à la pensée même. Même la théorie de l’amour est dans le dialogue ; elle n’est donc pas une superfétation artificielle dans le système.

Ce que Spinoza paraît bien tenir aussi de sa race, c’est l’inaptitude à imaginer une autre vie, la disposition à tout borner à l’organisation de celle-ci, ou à concevoir l’autre sous la forme la plus simple, mais il est vrai la plus vide.

La pensée et l’étendue pour Spinoza c’est (pour l’homme) le sujet et l’objet inséparables, et de même dans les autres attributs (voir lettres XXXI à L. M., p. 442, Saisset). L’essence de l’âme est l’idée même ou la connaissance de l’essence de son corps. De même dans la vie éternelle.

La connaissance est-elle réellement comprise par Spinoza comme une activité de l’esprit ? N’est-ce pas seulement la connaissance spontanée ou d’imagination, laquelle résulte du corps tel qu’il est affecté par les autres, est une connaissance confuse d’affections (P. XXIX, 2e p.) ? L’âme humaine ne connaît pas le corps humain lui-même et ne sait qu’il existe que par les idées des affections qu’il éprouve. Car Dieu ne connaît le corps humain qu’en tant qu’il est affecté des idées des corps dont le corps humain a besoin pour se régénérer, et non en tant que Dieu constitue l’essence de l’âme humaine. C’est-à-dire que l’âme humaine, qui est la connaissance du corps humain, ne connaît pas le corps humain, sinon en tant qu’elle perçoit les idées de ses affections, lesquelles expriment sa nature