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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

Importance de la négation du parfait comme être dans Spinoza. Dieu est tout connaissable ; la perfection est de le connaître, c’est-à-dire : 1° de comprendre la nécessité qui gouverne le monde ; 2° de l’aimer. Tout est là, il n’y a rien autre chose. Réalismo-puritanisme de Spinoza, L’idée de Mathew Arnold est dans l’Éthique.

II

Ce que fut Spinoza.

La grande erreur des chercheurs d’origine dans Spinoza est d’avoir toujours considéré en lui seulement le côté métaphysique pur, spéculatif, qui n’y est en réalité qu’accessoire : la vraie unité du cartésianisme, qui est à chercher, n’est pas celle de la spéculation, bien qu’elle manquât, mais celle de la spéculation et de la pratique (celle qui manque aussi au système de Kant), et aussi de la spéculation et de la morale ensemble, et de la religion. Voilà la direction vers laquelle le cartésianisme seul, dans son contenu positif, ne pouvait pas engager : il fallait autre chose, une âme non-française, nourrie d’ailleurs.

Spinoza réformateur remonte aux origines. Iconoclaste, briseur d’imaginations aussi bien en philosophie qu’en religion.

Il est un homme de foi, aussi contraire à Descartes que Pascal, mais de foi tranquille, sûre d’elle-même.

Pour prouver que Spinoza n’a pas construit sa pensée géométriquement, qu’elle n’est pas un système d’abstractions, mais que son système est un produit de la raison inductive, voir le premier dialogue dans la première partie du Tractatus brevis entre la Raison, l’Entendement, l’Amour et le Désir, où l’on voit que la Raison s’élève, par une dialectique continue, des modes à leurs substances-attributs, puis de celles-ci à la seule unité ou substance qui les embrasse toutes. Les mots ne font rien pour Spinoza. Il est faux de dire avec Sigwart qu’il part de l’idée de la nature qui est un point de départ pour lui indépendant de Dieu et de la substance. Il ne part, il est vrai, ni de Dieu ni de la substance considérés comme idées admises, mais pas non plus de la nature au sens vulgaire, comme perçue, sensible. Ce n’est pas la nature au sens vulgaire, c’est la réalité, l’être. Nous sommes bien là au fond de la pensée mère de Spinoza. Ce dialogue