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ou vingt, pour exprimer le sens expérimental de la plus simple proposition de géométrie.

Il faut encore noter que nous n’avons supposé aucune décomposition des mouvements, distingués seulement par leurs sensations totales. La notion de trajectoire n’a pas été introduite ; nous ignorons entièrement si deux mouvements suivent la même trajectoire, en tout ou en partie, et nous ne savons même pas ce que cela peut pouvoir dire. C’est bien le mouvement total et indivisé, non pas la trajectoire suivie, qui fournit la matière de la géométrie que nous venons de voir.

Il était clair que l’exploration d’un monde entièrement vide ne pouvait donner lieu à aucune géométrie. Nous savons maintenant qu’un monde qui ne présente qu’une seule position distincte, c’est-à-dire bien moins que la complexité d’impressions appelée chose, et le minimum irréductible que puisse contenir un monde non entièrement vide, — nous savons qu’un tel monde est suffisant pour que son exploration déploie expérimentalement toute la géométrie.

Jean Nicod.