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L’IDÉE DU NÉANT ET LE PROBLÈME DE L’ORIGINE RADICALE DANS LE NÉOPLATONISME GREC


(Plotin, Enn, II, 4, 3.)

Dès qu’un métaphysicien se pose le problème de l’origine radicale des choses, telles qu’elles sont données, sa pensée est nécessairement impliquée dans les difficultés suivantes : l’origine ne peut, comme telle, posséder aucun des caractères que possèdent les êtres à expliquer et à déduire ; car elle serait alors une chose parmi les autres choses, un être parmi les autres êtres. Mais, ne possédant aucun caractère des êtres, elle apparaît à la pensée qui voudrait la saisir comme un pur non-être, un néant d’être. D’autre part, en tant qu’elle est source de la réalité, elle doit posséder un mode d’existence supérieur à celui de tout être accessible à la pensée ; elle est donc une sorte de néant qui est supérieur à l’existence. A l’être s’opposent non pas une espèce mais deux espèces de non-être ; le non-être qui en est la négation absolue, pure et simple, et le non— être qui est l’origine et la source de l’être. L’on voit la difficulté de ce deuxième non-être ; dès que vous essayez de le déterminer et de l’atteindre parla pensée, vous en faites un être, et dès lors il n’est plus origine ; et parce qu’il est un être, on doit demander à nouveau quelle est son origine. Si, au contraire, vous le laissez pleinement indéterminé, il apparaît comme ne différant en rien du pur non-être, et par conséquent il n’est plus l’origine de l’être. Vous devez à la fois poser et retirer des déterminations accessibles à la pensée, les poser pour que l’origine ne soit pas un pur néant et les retirer pour qu’elle soit vraiment origine et source et non pas seulement un terme de cette réalité.

Certaines métaphysiques ont, il est vrai, passé sous silence ce problème de l’origine radicale ; c’est en somme le cas, avec quelques