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nous faut voir de près en quoi consiste au juste le mensonge tant de fois dénoncé.

Les thèses entre lesquelles le procès de Galilée avait marqué le conflit aigu étaient, d’une part, celle de Copernic, d’après laquelle la Terre est une planète, et les planètes ont chacune un double mouvement autour de son axe et autour du soleil ; — l’autre celle de Ptolémée, ou, si l’on veut, celle de la Bible et d’Aristote, d’après laquelle la Terre reste immobile au centre de la sphère céleste qui fait, chaque jour, un tour complet sur son axe, tandis que le soleil accomplit autour de la terre sa révolution en un an. Ce qui avait donc été condamné en 1633, c’était l’assimilation de la Terre aux planètes, et l’affirmation de son double mouvement ; — ce qui seul avait été déclaré orthodoxe c’était le maintien pur et simple de la vieille croyance à l’immobilité et à la fixité de la Terre au centre du monde.

Descartes, quand il a écrit son Monde, c’est-à-dire avant le procès de Galilée, n’a pas hésité à adopter la thèse copernicienne ; il y a joint son explication générale de la formation du système solaire, en faisant du Soleil et des planètes, parmi lesquelles il rangeait la Terre, des centres de tourbillons dans des conditions telles que chaque planète est entraînée par la matière de son « ciel » à tourner à la fois sur son essieu et autour du soleil. Mais l’arrêt de Rome a empêché la publication de l’ouvrage, et c’est plus tard, quand vont paraître les Principes, que se pose la terrible question : comment faire accepter par Rome l’adhésion formelle à l’astronomie de Galilée, aggravée d’ailleurs par la prétention d’expliquer mécaniquement la formation des planètes ? L’explication est, il est vrai, donnée comme une construction rationnelle qui à la rigueur pourrait ne pas répondre à la réalité. Mais cette précaution pourra-t-elle suffire ?

En deux mots, Descartes résout la difficulté en intercalant dans l’exposé de son système une définition du mouvement déterminé d’un corps, par opposition aux multiples mouvements qu’on peut concevoir en lui, définition qui permet de dire : la Terre qui tourne autour de son essieu et qui tourne autour du soleil, n’a pourtant pas de mouvement déterminé, ou de mouvement propre.

C’est au second livre des Principes que sont posées les définitions relatives au mouvement, « Un corps… peut participer à une infinité de mouvements, en tant qu’il fait partie de quelques autres corps qui se meuvent diversement. Par exemple, si un marinier se prome-