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Descartes à son ami dans sa lettre du 26 avril 1619. — D’autres enfin sont des pensées sur les poètes et sur les « choses Olympiques » qui se retrouvent, d’après le résumé qu’en donne Baillet, dans les Olympica, manifestement rédigé vers la fin de 1619. — Ailleurs encore nous retrouvons sur la prétendue loi de la chute des corps des idées que Descartes expose à Beeckmann dans un mémoire de la même année… Et alors, si notre interprétation du texte cité semble naturelle, il ne peut encore aboutir qu’à nous montrer, dans des circonstances particulières, notre philosophe ne se livrant pas tout entier, ce qui ne saurait se confondre avec un manque de sincérité.

Ces remarques faites, et tout malentendu de ce côté étant écarté, d’où pourrait nous venir, au sujet de Descartes, le soupçon de mauvaise foi ? Disons-le tout de suite, il est difficile à un historien des sciences de ne pas se laisser plus ou moins impressionner par les innombrable accusations de plagiat qui ont commencé à se produire de son vivant, et qui n’ont fait ensuite que s’aggraver. De son vivant, les accusateurs sont des savants qui, pour la plupart, ont maille à partir avec lui, comme Roberval ou comme Beaugrand, et à la rigueur on pourrait penser que l’âpreté des querelles, les coups qu’ils reçoivent eux-mêmes de Descartes, leur ont mis un bandeau sur les yeux. Mais que dire quand, après sa mort, il s’agit de savants comme Vossius ou comme Christian Huygens ; quand il s’agit de Newton et de Leibniz, pour ne citer que les principaux noms ? Le fait est qu’à force d’entendre répéter que la loi des sinus a été volée à Snellius, que l’explication de l’arc-en-ciel a été empruntée à de Dominis, que l’essentiel de la théorie des équations vient de Harriot ou de Viète, etc…, on s’est habitué à admettre sans discussion qu’il y a en tout ceci une part de vérité. Et il n’est pas rare de voir ceux mêmes qui apprécient et nous font apprécier le mieux la valeur des travaux scientifiques de Descartes laisser apparaître çà et là, en ce qui concerne sa bonne foi, des réserves, auxquelles d’ailleurs ils ne semblent pas ajouter une importance extrême, comme si c’était là chose entendue, et qui en môme temps ne vaut guère la peine qu’on s’y arrête.

Et cependant, exception faite de la question Snellius, à l’origine de laquelle se trouve du moins un fait positif, signalé par Vossius et par C. Huygens (le manuscrit hollandais contenant l’énoncé de la loi de la réfraction aurait passé sous les yeux de Descartes), — fait positif dont la date, aujourd’hui soupçonnée, détruit toute l’impor-