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LA QUESTION DE LA SINCÉRITÉ DE DESCARTES[1]


Les travaux publiés sur Descartes depuis le xviie siècle sont en nombre considérable ; je ne crois pas pourtant qu’ils fournissent les éléments d’une étude sérieuse et définitive de son œuvre scientifique. Il y a à cela bien des raisons.

Tout d’abord la plupart de ces travaux sont dus à des hommes qui, faute d’une compétence suffisante, n’ont guère pu porter des jugements personnels sur les problèmes traités par notre philosophe. En général, d’ailleurs, s’ils ont mentionné en passant tels ou tels détails empruntés à la Géométrie, ou à la Dioptrique, ou aux Météores, ou même à la Correspondance, — ils ont insisté sur les tendances mécanistes de la Physique de Descartes, sur l’élimination systématique des formes substantielles, des causes finales, etc…, portant ainsi l’attention sur les caractères que Descartes lui-même eût jugés essentiels dans son œuvre, mais donnant en fin de compte peu d’informations précises sur ces contributions au développement des sciences positives.

  1. Dans une lettre qu’il nous adressait le 15 septembre 1918, exactement quinze jours avant sa mort, Gaston Milhaud nous annonçait qu’il venait d’achever un article destiné à la Revue et qui devait servir d’introduction au livre sur Descartes savant dont il préparait la publication. Il attendait seulement, nous écrivait-il, son retour à Paris pour compléter quelques références. Mais, à peine rentré, la mort le frappait, mettant en deuil une fois de plus — et combien cruellement — la philosophie et la science françaises, infligeant à sa famille, à ses amis l’amère douleur de la perte d’un être d’élite, laissant dans l’Université un vide qui ne sera pas comblé. Le livre auquel faisait allusion la lettre que nous avons citée, composé en majeure partie d’articles déjà publiés et dont quelques-uns ont paru ici même (juillet 1916, mars 1918), a été définitivement mis au point par Gaston Milhaud ; il en avait fixé le plan et déterminé les chapitres ; il paraîtra, dès que les circonstances le permettront. L’article que nous publions aujourd’hui a été complété dans la mesure du possible par les soins de notre ami A. Lalande. Toutes les références ont été retrouvées. Une seule lacune subsiste. Nous l’avons indiquée à la page 310.

    Xavier Léon.