ment ne saisit la quantité que sous la condition particulière et déterminante de la distinction des parties, c’est-à-dire sous la forme de l’unité de la pluralité, de la quantité discrète, du nombre. L’idée de la distinction des parties ne se détermine, à son tour, dans l’entendement, que sous la condition plus particulière encore de la distinction d’intervalles qui les séparent ; en d’autres termes, l’entendement ne se représente le nombre que dans la pluralité des limites d’une quantité continue. Enfin la continuité ne se laisse saisir par l’entendement que sous la condition de la coexistence. La quantité continue coexistante est l’étendue. Ainsi la quantité est la forme logique, scientifique de l’étendue ; et l’entendement ne se représente la quantité que sous la forme sensible de l’étendue, dans l’intuition de l’espace[1]
Mais il n’y a rien, dans l’indéfini de l’espace, de défini, ni d’un. Ce n’est pas dans cette diffusion sans forme et sans bornes que je trouve l’unité. C’est donc en moi que je la puise pour la transporter hors de moi, et pour me l’opposer.
En outre, si je ne me représente la diversité que dans la pluralité des divisions que j’établis dans l’étendue, et où je réfléchis ma propre unité, il faut, pour m’en représenter la totalité, l’unité d’ensemble, que j’ajoute les unes aux autres les parties et que je les rassemble ; l’addition est successive ; elle implique le temps.
Mais dans le temps tout passe, rien ne demeure. Comment mesurer ce flux non interrompu et cette diffusion sans bornes aussi de la succession, sinon par quelque chose qui ne passe pas, mais qui subsiste et dure ? Et qu’est-ce encore si ce n’est moi ? Car tout ce qui est de l’espace est hors du temps. En moi se trouve la substance, dans le
- ↑ Aristot., De mem., I : Νοεῖν οὐκ ἔστιν ἄνευ φαντάσματος. Καὶ ὁ νοῶν…͵ κἂν μὴ ποσὸν νοῇ͵ τίθεται πρὸ ὀμμάτων ποσὸν͵ νοεῖ δ’ οὐχ ᾗ ποσόν. De an., III, 7, 8. Kant, Crit. de la rais. pure : Du Schématisme des concepts intellectuels purs. Stahl, Negotium otiosum, seu σκιαμαχία (Halæ, 1720, in-4o ; c’est une apologie de ses doctrines, en réponse à Leibnitz). P. 169 : « Nihil quicquam, non solum physici, sed nequidem ullo sensu moralis mente concipi seu definite comprehendi posse agnosco, nisi sub exemplo figurabili… seu imaginativa repræsentatione. » P. 30 : « Anima, quicquid contemplatur, cogitat, reminiscitur, non sub alio concipiendi modo assequitur, quam sub figurabili, corporalibus finibus seu terminis circumscripto. » P. 17 : « Omnibus autem hisce considerationibus fundamentum substernit differentia λόγου et λογισμοῦ : rationis absque phantasia (cujus exemplum sunt omnes sensus, in objectis suis simplicioribus), et ratiocinationis, seu cogitationis cum phantasia ; cui nihil subjacet, nisi quod figurabile est. » — Physiolog., p. 297. — Destutt de Tracy, Élém. d’idéolog. I, 173. Cf. Maine de Biran, Influence de l’habitude sur la faculté de penser (1802, in-8), p. 299.