être fini, de nos croyances comme éléments de la réalité : tous sujets d’un caractère métaphysique.
D’un bout à l'autre de cet ouvrage se marque un sentiment très précis de l’unité foncière de l’expérience et du réel, en même temps que de la violence qu’il est nécessaire de faire à notre organisme pour briser ses barrières naturelles, et mettre notre moi en communication avec un moi supérieur.
La philosophie, y lisons-nous, est plutôt affaire de vision passionnée que de logique, car la logique ne fait autre chose que trouver, après coup, des raisons pour expliquer la vision.
James s’applique à convaincre d’impuissance et de néant l’Absolu des idéalistes, qui n’est pas senti et vécu, mais dialectiquement construit par notre entendement. Il recueille, dans la philosophie du célèbre psycho-physicien Theodor Fechner, la doctrine concrète d’une âme du monde, comme substitut pragmatique de l’Un abstrait des idéalistes. Réduites à leurs seules forces, enseigne Fechner, nos consciences ne sauraient s’ouvrir les unes aux autres. L’individu, dans son essence première, est impénétrable à l’individu. Mais, par l’action de consciences supérieures, qui, finalement, se rencontrent et se joignent en Dieu, nos consciences peuvent entrer en relation les unes avec les autres, s’aimer, se comprendre. Fechner a bien vu que le nécessaire de la vie morale, et l’inintelligible au point de vue physique, c’est qu’un homme soupçonne le dedans d’un autre homme et s’y intéresse. La relation respective de divers individus à une conscience supérieure est une solution de cet impérieux et difficile problème.
Mais sommes-nous, vraiment, en ce monde même, si complètement étrangers les uns aux autres ? Meurt-on, vit-on nécessairement seul ? Nous sommes seuls, en effet, si nous ne pensons qu’avec nos sens et notre intellect. Mais, comme l’a bien vu H. Bergson, il y a en nous une autre manière d’approcher la réalité : une intuition, dans laquelle l’Un et l’Autre, au lieu de maintenir, entre eux, une cloison étanche, se pénètrent sans s’identifier. « Tout est un, disait Pascal ; l’un est l’autre, comme les trois Personnes. » Le Dieu en qui nous pouvons nous unir, qui a la puissance de guérir la cécité naturelle de notre âme à l’égard du dedans des autres âmes, ce Dieu d’amour et d’intelligence n’est pas loin de nous, il est en nous. La liaison que vainement les idéalistes intellectualistes espèrent imposer aux choses du dehors, avec des formules abstraites et inertes, nous la