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inconcevable, (69)ni comme étant des êtres incorporels qui viendraient s’ajouter aux corps, ni comme étant des parties matérielles des corps. Il faut les regarder comme constituant intégralement par leur réunion la nature permanente des corps. Mais elles ne peuvent pas constituer par leur assemblage un agrégat concret, à la façon dont les corpuscules massifs, que ce soient des atomes ou des parties moindres que le tout, constituent, en se juxtaposant, un corps plus gros qu’eux. Ces choses sont seulement, comme je viens de le dire, ce qui fait par sa réunion la nature permanente des corps. Chacune de ces choses est l’objet d’un mode d’appréhension propre, mais la perception du corps concret est donnée en même temps, et elles ne sauraient s’en isoler, ne pouvant être posées que dans la notion d’ensemble du corps.

(70) Les accidents, de leur côté, se rencontrent souvent dans les corps mais n’y sont pas attachés d’une manière permanente. Il ne faut pas en faire des êtres invisibles ou incorporels. Le mot dont nous nous servons pour les désigner, est pris par nous dans son sens le plus usité, et il ressort de ce sens qu’ils n’ont ni la nature du tout que, l’ayant pris dans son ensemble, nous appelons corps, ni celle des propriétés qui l’accompagnent en permanence. On les saisit et on les nomme au moyen de certaines appréhensions immédiates qui accompagnent celle des corps concrets ; (71) mais, à quelque corps qu’on les voie arriver, les accidents ne sont jamais liés aux corps de façon permanente. Il ne faut pas bannir du domaine de l’être l’évidence des accidents, sous prétexte qu’ils ne sont pas de même nature que le tout substantiel auquel ils arrivent, ni que les attributs liés aux corps en permanence ; et il ne faut pas non plus croire qu’ils existent par eux-mêmes, car un tel mode d’existence n’est pas concevable, même pour les attributs essentiels et permanents ; mais il faut, car c’est l’évidence même, les regarder tous comme des choses qui arrivent aux corps ; et on ne doit pas les considérer comme des attributs permanents des corps ni comme des choses