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G. LANSON.Droit du père de famille et droit de l’enfant.

Elle ne retire pas au père le droit de condamner la société actuelle : le père reste seul juge de ce qu’il a droit de dire a son fils ; mais elle donne l’assurance que si l’enfant un jour la condamne aussi, du moins il l’aura vue, il saura ce qu’elle est, il y aura été, si peu que ce soit, mêlé.

Je n’ai pas à examiner ici comment le principe de l’école non confessionnelle sera mis en application. Il n’implique pas nécessairement le monopole. Il peut y avoir des écoles libres non confessionnelles : Monge et Sainte-Barbe, jadis, aujourd’hui encore le collège Sévigné et maint établissement pour l’instruction des jeunes filles, voilà des écoles libres non confessionnelles.

Sous le régime de la liberté de l’enseignement, l’État peut définir l’école non confessionnelle, et les conditions auxquelles doivent satisfaire les maîtres qui y enseigneront. Il importe et il suffit, pour que la liberté de conscience soit respectée, pour que toute inquisition des pensées et des croyances soit évitée, de déterminer des signes extérieurs auxquels sera attachée la capacité de donner l’enseignement non confessionnel. On est conduit par cette voie à écarter les congrégations, et même le clergé séculier. Sans doute les laïques peuvent être aussi ardemment catholiques que les prêtres : il y en a qui peuvent être plus incapables que certains prêtres de s’affranchir de préoccupations confessionnelles. Mais s’ils s’y engagent et manquent à leur engagement, c’est affaire entre leur conscience et eux. La fraude ici ne pourrait être réprimée que par des procédés inquisitoriaux que nul intérêt n’autorise à employer. L’ecclésiastique séculier ou régulier se distingue des laïques par des signes extérieurs, par un engagement effectif et précis de dépendance, de subordination à certaines autorités. Le laïque n’est jamais lié qu’autant qu’il veut à son Église : il reste maître de sa pensée et de sa parole. Son Église peut le condamner après qu’il a parlé. Elle ne le censure pas avant. Elle ne prononce après que des condamnations morales. L’ecclésiastique, surtout le régulier, mais même le séculier, a des liens extérieurs à rompre ; il lui est toujours plus difficile de se reprendre. Il ne peut rien imprimer que par la permission de ses supérieurs ou de son diocésain. Son indépendance est bien plus entamée que celle du laïque le plus fervent. Même moins croyant, il est moins libre. On le tient par les moyens d’existence : l’insoumission, communément, c’est pour lui déclassement, misère et famine. Sans donc disputer sur la