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revue de métaphysique et de morale.

les fortes analyses de M. Weber nous entraînent, à force de pensée, dans le réel même ; nous y sommes, nous y vivons avec la certitude d’un homme qui sent la terre ferme sous ses pieds. Et l’on conçoit qu’alors les questions de mots perdent beaucoup de leur importance. C’est par la pensée en acte, par la pensée réelle en acte que se fait voir l’identité du réel et de la pensée. Nulle argumentation, nulle réfutation n’y peut rien. Et comme M. Weber le dit, et surtout comme il le prouve par l’acte même, il ne sert à rien de chercher comment on fera pour penser, ni de montrer qu’un tel ne pense pas bien ; ce m’est pas par intermédiaires ni par moyens qu’il faut penser ; il faut s’y mettre, sans moyens termes : l’immédiat est le vrai. Comme Diogène prouvait le mouvement en marchant, ainsi prouvons la pensée en pensant. Écrivons moins de préfaces, et plus de livres. Vouloir justifier une méthode avant de l’appliquer, cela est sans fin ; car il vous faudra une méthode pour trouver la méthode. Lorsqu’une explication apparaît comme plus vraie qu’une autre, elle se justifie en elle-même, et justifie en même temps une méthode et un système. À mesure que la notion de l’aviateur, ou de toute autre machine, ou de toute autre image qui apparaît, est complète et intelligible, elle devient réelle, elle devient chose, et se prouve ainsi par elle-même en s’expliquant. Résumons les deux parties du livre de M. Weber en une formule qui puisse décourager ceux qui disputent, et réconforter ceux qui réfléchissent : on ne peut rien prouver, on peut tout expliquer.

E. Chartier.