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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE




SUPPLÉMENT

(n° de septembre 1893)




François Bacon, par G.-L. Fonsegrive. professeur au lycée Buffon. Paris, Lethiellieux, 1893.

On peut se placer, pour condamner Bacon, à deux points de vue : celui de Liebig ou celui de J. de Maistre. C’est de J. de Maistre que se souvient M. Fonsegrive. L’ouvrage se divise en trois parties. La première (la Polémique) énumère et discute les jugements portés par Bacon sur les philosophes de l’antiquité et du moyen âge : on y trouve un éloge, fort oiseux, de la physique aristotélicienne, et une apologie, très peu probante, de la science des Scolastiques. — Dans la seconde, le Système est exposé : on regrette d’y rencontrer un étrange plaidoyer en faveur de l’induction aristotélicienne, et de ne pas y rencontrer même un essai d’interprétation de la théorie des formes. Enfin le livre III est un réquisitoire où sont attribués à l’Influence de Bacon tous les maux des temps modernes. Cependant l’idée de science pratique, telle que Hobbes mieux que Bacon, Descartes mieux que Hobbes, ont travaillé à la définir au xviie siècle, — et l’idée d’humanité, telle que l’ont introduite dans le monde les encyclopédistes français, les hommes d’action de la Révolution, et les métaphysiciens d’Allemagne, restent de grandes idées, dignes de l’attention et du respect de l’historien et du philosophe.

Les principes de l’Idéalisme scientifique, au point de vue psychologique, historique et logique, par G. Dwelshauwers, 1 vol. in-8. Paris, Fischbacher, 1892.

Ce livre est l’éloquent plaidoyer d’un Belge en faveur de l’ « Idéalisme scientifique ». Réhabiliter l’idée de force en psychologie (chap. i, le Problème de la connaissance et la Psychologie contemporaine), replacer la philosophie au sommet de la hiérarchie des sciences (chap. ii, Sciences et philosophie dans leurs rapports, et Essais de classification des sciences), et l’art, ou expression immédiate de l’idée dans le sensible, au terme de la philosophie (chap. iii, les Éléments de la connaissance synthétique) : telles sont les thèses développées par M. Dwelshauvers, toujours avec infiniment de passion et d’esprit.

Leçons sur les origines de la science grecque, par G. Milhaud, professeur de mathématiques spéciales au lycée de Montpellier. Paris, Alcan, 1893.

On peut contester la conception que semble se faire M. Milhaud de la méthode d’explication scientifique. Les sciences ne nous donnent qu’un ensemble de symboles arbitraires, de procédés commodes pour l’interprétation des phénomènes naturels, soit : encore faut-il que ces « procédés » soient ou rationnels ou expérimentaux ; or M. Milhaud semble vouloir qu’ils ne soient ni ceci ni cela. — On peut contester, de même, l’esprit « positiviste » qui inspire trop souvent M. Milhaud dans son interprétation des théories scientifiques des premiers philosophes grecs : à quoi bon se donner tant de mal pour essayer de nous faire comprendre, à l’aide d’analogies physiques et de métaphores matérielles, ce qu’Anaxagore pouvait entendre par « l’Esprit » ? — Et cependant les « leçons » de M. Milhaud sont mieux que de simples leçons d’exposition ; on y trouve des analyses profondes et des réflexions qui témoignent d’un réel esprit philosophique. Bornons-nous à citer le lumineux chapitre dans lequel M. Milhaud oppose le symbolisme spatial des pythagoriciens, qui procède par points discontinus, à celui des Éléates et des Platoniciens, qui emploie des grandeurs continues. Aussi bien les lecteurs de la Revue de Métaphysique et de Morale ont pu apprécier cette Leçon, qui a paru ici même, et y a soulevé une polémique. Il est vivement à souhaiter que M. Milhaud pousse plus avant, et poursuive, par exemple, jusqu’aux temps d’Archimède ses intéressantes recherches, sur un domaine jusqu’ici trop peu exploré en France, sauf de glorieuses exceptions.

Darwin and Hegel, with other philosophical studies. par D.-G. Rit-