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répond exactement à ce programme. — Seulement M. Bernès veut qu’on sache où en sont les attentions, sans s’en informer ; qu’on sente les résistances, sans les explorer ; qu’on tienne compte des impressions, sans les demander ; qu’on donne l’exemple d’une pensée qui se fait, avec une pensée toute faite. — C’est accumuler les difficultés à plaisir : mais au fond, pour lui, la leçon idéale, c’est le dialogue.

En troisième lieu, nous sommes d’accord sur ce point, qu’il ne faut pas être systématique. M. Bernès y tient beaucoup : je n’y tiens pas moins que lui. Et je propose précisément le dialogue parce qu’il est le contraire d’un système ; parce qu’il est souple, et varié et multiforme ; parce qu’il admet en lui tous les autres procédés — même le monologue : n’arrive-t-il pas souvent que, dans une causerie, une même personne parle durant quelques minutes, et n’en est-ce pas moins une causerie ? — Encore une fois, pourquoi M. Bernès voit-il là un système ?

Et enfin, s’il est sans doute utile, à l’heure qu’il est, de signaler le dialogue aux jeunes professeurs, l’est-il de les en détourner ? Leur dire de ne pas en abuser, est-ce si nécessaire ? L’invasion du dialogue n’est pas imminente ; que M. Bernès se rassure : la tradition, la routine, même la joie de faire de belles leçons, suffiront longtemps à nous défendre.

Camille Mélinand.