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lectuelle, et ainsi la connaissent sans doute les autres êtres analogues à moi. Au lieu donc de me demander avec l’ancienne métaphysique : Quelle est la définition d’où tout découle ? Ou : Y a-t-il une vie ou une conscience universelle, je suis amené à me demander : Quand je pense, comment les choses m’apparaissent-elles ? En somme, supprimez le noumène qui, d’après ce que nous avons dit plus haut, ne peut être dans le système de Kant que le résidu de l’ancienne métaphysique, le kantisme est la vérité même. Toutes les questions relatives à l’efficacité naturelle de la vérité première prouvent l’ignorance de la question.


IV

Ainsi, le noumène supprimé, le kantisme est le vrai. Comme voulait Kant, nous n’atteignons pas une nature supérieure. La nature extérieure avec ses lois est un donné pour notre conscience intellectuelle, qui ne peut que lui appliquer sa propre forme ; et non pas (ou du moins nous ne pouvons la saisir comme telle que par la négation même de la première certitude) une émanation de cette nature supérieure. Nous ne saisissons pas davantage une conscience éternelle qui, par une sorte d’anéantissement partiel et volontaire d’elle-même, tirerait de soi les consciences particulières.

Mais remarquons cependant qu’à la différence de Kant qui pose en quelque sorte la certitude pratique sans montrer que la spéculation théorique est obligée de l’admettre comme type de sa propre certitude, nous nous sommes élevés jusqu’à la conscience morale, en partant du problème posé par l’ancienne métaphysique : le problème de la connaissance des choses. Et c’est en cherchant comme elle ces conditions que nous avons découvert comme première une vérité qui n’était pas une chose. Si donc en nous demandant en somme ce que sont les choses, nous aboutissons à la suppression de cette question, en ce qui concerne la certitude fondamentale ; nous répondons à la question de l’ancienne métaphysique, tout en la supprimant. Car, si nous la supprimons, c’est, non pas, comme Kant, en raison de la seule constatation des contradictions où mène la métaphysique, ou de la position pure et simple de la certitude pratique comme fait, c’est parce que la certitude spéculative même nous conduit à la supprimer. Si l’ancienne métaphysique deman-