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nomènes ne sont pas les corps, pensent comme le vulgaire que le reste y est réellement, incontestablement. Seulement, comme le mouvement phénoménal suppose, outre l’intuition déplacée, une durée phénoménale et une représentation étendue et fixe sur laquelle a lieu le mouvement et où la route parcourue par le corps existait d’avance, ils ne peuvent le concevoir dans les corps qu’en concevant, outre l’étendue matérielle mobile, une durée nouménale et une étendue infinie, immobile, pénétrable, dans laquelle se fait le mouvement, et dont les parties sont coordonnées de toute éternité suivant toutes les figures concevables, puisqu’elles peuvent être ocecupées et parcourues par des corps de toutes figures et de tous mouvements. Cette opinion est-elle justifiable ?

5° Ces modes d’union et ce qui en dépend étant indépendants de la nature des choses coordonnées, il n’y a pas dans cette opinion l’absurdité a priori qu’il y aurait à affirmer des noumènes, soit des phénomènes, soit des modes d’union qui ne peuvent être établis entre ceux-ci que d’après leur nature.

6° On montre que dans cette hypothèse les modes d’union, d’étendue, de durée, de causalité, le mouvement, les nombres, la divisibilité, etc., n’auraient lieu entre les phénomènes que parce qu’ils auraient déjà lieu entre les noumènes correspondants, ce qui la rend très admissible.

7° On ne peut lui opposer que l’hypothèse de Kant. Tout moyen terme est insoutenable.

8° Admettons donc d’abord ces hypothèses comme également probables ; et comparons-les comme les astronomes comparent celle de Ptolémée et celle de Copernic, comme les chimistes comparent celle de Stahl et celle de Lavoisier, en en déduisant des conséquences apodictiques et en constatant celles qui s’accordent avec l’enchaînement des phénomènes et surtout les font prédire d’avance. Nous verrons certes la plus probable et cette probabilité toujours croissante ne laissera bientôt plus lieu au moindre doute.