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termes, l’idée absolue est réalisée quand le sujet pensant voit dans le monde la réalisation de la même idée qui constitue sa nature essentielle. Mais l’idée, en tant qu’objet, est toujours envisagée à un autre point de vue que l’idée, en tant que sujet. Si Hégel voulait dire que la pensée devenait immédiate en ce sens qu’elle cesserait de requérir un objet donné de l’extérieur, il était plus naturel de dire que l’idée était son propre objet, ou, à la vérité, que la distinction entre la pensée et son objet s’était complètement évanouie.

Sans doute Hégel déclare que dans l’acte de poser la médiation la médiation s’évanouit. Mais cette observation, sans valeur tant que nous avons affaire aux catégories inférieures et finies de la logique, puisque à chaque médiation qui s’évanouit, une nouvelle médiation surgit, reste encore sans valeur lorsque nous atteignons la dernière et la plus haute catégorie de la logique, car le dernier moment de la logique n’est pas la dernière étape du système. L’idée absolue est encore, relativement, une abstraction. Il nous faudra passer de la logique à la nature, et de la nature à l’esprit, afin de constituer la triade dont elle est la thèse. Il n’est pas plus nécessaire d’admettre que la dernière catégorie de la logique se suffit à elle-même que ce n’était le cas pour aucune des catégories antérieures. La série des médiations successives sera close, lorsque, dans l’esprit absolu, nous aurons atteint une idée complètement concrète. Mais alors l’élément de présentation immédiate a été explicitement introduit, dans la Philosophie de la nature. Nous sommes de la sorte amenés à discuter une troisième difficulté soulevée contre la méthode hégélienne : quel est le rapport de la philosophie de la nature et de la philosophie de l’esprit à la logique ? Hégel a-t-il simplement voulu construire la nature et l’esprit sans autre instrument que de pures catégories logiques ? Au point où nous sommes parvenus, la réponse à ces questions est devenue aisée.

III


M. Seth, dans son ouvrage : Hegelianisme et Personnalité, a repris cet ordre d’objections, déjà présentées par d’autres avant lui. « Si le système de Hégel, écrit-il, pouvait se réduire à cette proposition très générale que le Νοῦς gouverne le monde, nos objections tomberaient certainement par terre. Mais Hégel semble croire qu’il lui appartient