Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/545

Cette page a été validée par deux contributeurs.
533
CRITON.dialogue philosophique entre eudoxe et ariste

eudoxe. — Et ainsi la volonté qui est postérieure à une autre dans l’ordre du fait lui est antérieure dans l’ordre de l’idée ?

ariste. — Il ne peut en être autrement.

eudoxe. — Mais la volonté dernière que je puisse concevoir, la volonté du bien, n’est-elle pas comme le tout dont mes volontés particulères sont les parties ?

ariste. — Oui.

eudoxe. — Mais pour que le tout du mouvement puisse exister avant ses parties, il faut que le tout de la volonté existe avant ses parties.

ariste. — Il le faut.

eudoxe. — Et cela n’est pas absurde ?

ariste. — Nous avons dit que non.

eudoxe. — Ainsi le tout de la volonté existe d’abord expliquant le tout du mouvement.

ariste. — Comment le nier ?

eudoxe. — Il faut donc qu’il existe non seulement un mouvement parfait, mais un acte parfait.

ariste. — Il le faut.

eudoxe. — Mais cet acte parfait ne forme-t-il point une vie parfaite ?

ariste. — Oui.

eudoxe. — Puissante ?

ariste. — Oui.

eudoxe. — Heureuse ?

ariste. — Oui.

eudoxe. — Et ce tout de la volonté, expliquant le tout du mouvement, pouvons-nous l’appeler autrement que Dieu ?

ariste. — Nous ne le pouvons pas.

Criton.