chées pour être perçues toutes les deux en même temps ou au contraire non.
ariste. — Évidemment.
eudoxe. — Dans le premier cas, je dirai que ces deux choses existent pour moi en même temps.
ariste. — Oui.
eudoxe. — Dans le second cas, je dirai qu’elles existent pour moi l’une après l’autre ?
ariste. — Sans doute.
eudoxe. — Qu’appellerai-je donc simultané ?
ariste. — Tout ce que je perçois en même temps.
eudoxe. — Mais des choses que je ne puis jamais percevoir que successivement, dirai-je qu’elles existent simultanément ?
ariste. — Non sans doute.
eudoxe. — Je ne dirai donc pas que Paris et Marseille existent simultanément.
ariste. — Il me semble pourtant que je le dirai.
eudoxe. — Et pourtant je n’ai jamais perçu Paris en même temps que Marseille.
ariste. — Jamais, en effet.
eudoxe. — Donc pour que deux choses soient simultanées est-il nécessaire qu’elles soient perçues en même temps ?
ariste. — Cela n’est point nécessaire.
eudoxe. — Ainsi les choses simultanées sont perçues tantôt simultanément, tantôt successivement ?
ariste. — Il le faut.
eudoxe. — Et ainsi il est indifférent aux choses simultanées d’être simultanées ou non ?
ariste. — Oui.
eudoxe. — Et ainsi il arrive que l’idée de simultané renferme son contraire.
ariste. — Cela me semble tout à fait impossible.
eudoxe. — Il faut donc ou bien qu’il n’y ait rien de successif et que la succession se ramène à la simultanéité ; ou bien qu’au contraire le simultané se ramène au successif ?
ariste. — Il le faut.
eudoxe. — Nous avons donc à choisir entre ces deux propositions : nous percevons toutes choses simultanément — et : nous percevons toutes choses successivement ? Laquelle vous semble préférable ?