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pas autre chose que la conscience logique, mais un degré autre et supérieur de cette même conscience.

Et on peut dire par suite que l’affirmation de la liberté de la raison est aussi inséparable de toute pensée, aussi formelle que le « Je pense » logique. En niant le devoir, j’affirme, en effet, la vérité de cette négation ; et en affirmant cette vérité, je dis que je prends parti pour la vérité ; et que cela est mieux, sans quoi je me tairais. En niant le devoir, je l’affirme.

Constatons donc seulement, sans nous poser sur ce qui est premier et par suite échappe à toute question des problèmes factices, cette union intime de la nécessité et de la liberté dans l’acte fondamental de la conscience intellectuelle, la nécessité conditionnant formellement la liberté, et s’achevant par elle. Il ne peut y avoir là de difficulté que pour ceux qui, au lieu d’accepter les conclusions de la raison, lui imposent par avance des conditions prétendues logiques qui expriment un des éléments seulement de la vérité synthétique fondamentale. Nous aurons à combattre souvent cette manie disputeuse qui consiste à retourner contre les vérités essentielles les vérités dérivées que celles-là seules rendent intelligibles.

II

Ainsi une conscience intellectuelle logique et une conscience intellectuelle morale en un sens coordonnées et non subordonnées l’une à l’autre, et en un autre sens cependant, comme nous avons vu, hiérarchisées, telle est la racine de toute certitude.

Une fois cette première vérité connue, la nature nous apparaît dans une autre lumière, et nous devons chercher si et comment elle figure cette première vérité.

Il ne s’agit pas ici, à proprement parler, d’une déduction, au sens mathématique du mot, comme si nous cherchions les conséquences d’une définition. La première vérité n’étant pas un objet, il ne s’en peut rien déduire, au sens strict du mot. Pas plus donc que nous n’avons posé comme vérité fondamentale une chose éternelle, nous n’entendons, par ces formes d’existence dont nous allons indiquer la hiérarchie, comme les modes d’une Pensée éternelle ; nous ne posons pas de problèmes semblables ; et nous n’avons pas, par suite, à résoudre les difficultés qu’ils soulèvent, comme de concilier avec