mique de la valeur avec la théorie juridique des obligations, puisque les modifications apportées dans le système des valeurs ont pour effet d’une part la transformation du droit criminel, en modifiant l’échelle des délits et des peines, d’autre part la réforme de la législation civile, en contribuant à faire interdire certaines choses permises auparavant, et à faire permettre certaines choses défendues naguère. Et vous comprendrez en même temps comment la logique sociale, en fortifiant, par telle ou telle invention, tel ou tel désir, telle ou telle croyance et en modifiant par là la valeur de tel ou tel objet, d’autant plus grande qu’on désire plus un certain bien et qu’on croit cet objet plus capable de procurer ce bien, domine à la fois la théorie des obligations et celle de la valeur, et comment on peut déterminer en sociologie des lois logiques de causation qui ne soient pas des lois chronologiques d’évolution.
Enfin, dans un dernier chapitre, d’un caractère général (chap. vii, le Droit et la Sociologie), où reparaissent successivement les trois sortes d’idées qui étaient mêlées au cours de l’ouvrage, après avoir dirigé de nouvelles critiques contre l’idée d’évolution uniforme, et fourni de nouvelles considérations à l’appui de l’importance de l’imitation, critiques et considérations qui ne consistent d’ailleurs qu’en une énumération d’exemples, M. Tarde revient sur le rôle qu’il faut attribuer à l’invention et à la logique, dans l’explication des similitudes juridiques. Logique et invention, dit-il, c’est tout un : une invention ou une découverte n’est que la réponse à un problème, et cette réponse consiste toujours à rattacher les uns aux autres, par le rapport de moyen à fin, des modes d’action précédemment séparés (invention de la locomotive) ou, par le rapport de principe à conséquence, des idées qui auparavant semblaient n’avoir rien de commun (découverte de la loi de l’attraction). Si l’invention, en rendant inutiles ou gênantes des inventions antérieures, crée des contradictions nouvelles, c’est l’œuvre des fondateurs de religion et des philosophes, dans l’ordre intellectuel, des législateurs et des moralistes, dans l’ordre pratique, de remédier à ce désaccord. Les uns et les autres sont les ouvriers de la logique sociale. Et si ce travail logique aboutit en partie à des résultats divergents, ses effets, en partie aussi, seront nécessairement semblables. Ces similitudes seront de deux sortes : les unes formelles, les autres substantielles. Parmi les premières on peut noter d’abord la tendance de toute chose sociale à se systématiser : les droits en codes, comme les langues en grammaires, et les religions en théologies ; ensuite la force de résistance inhérente à ce qui est systématique, le corpus juris des Romains ou la Mischna des Juifs. Et ces deux similitudes s’expliquent par la logique qui tend à créer et à maintenir l’accord entre des croyances et des désirs hétérogènes. Quant aux similitudes substantielles, elles tiennent à ce que le génie inventif est aux ordres des besoins, qui lui posent des problèmes, et à ce que ces problèmes se ramènent à deux : celui de la nutrition et celui de la génération, d’où dérivent des séries de problèmes plus particuliers, identiques, jusqu’à un certain point, dans leur nature, et irréversibles dans leur ordre. C’est l’importance prépondérante de la logique sociale qui nous force à n’étudier le Droit que comme une partie de la sociologie, parce que les inventions