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1° Les actifs médiocres, tous ceux qui ont besoin de se dépenser ;

2° Greffez sur cette activité une intelligence supérieure et vous avez les grands actifs, tels que César, les conquistadores du xvie siècle (F. Cortez, Pizarre, etc.).

Les apathiques comprennent :

1° Les apathiques purs, dont il n’y a rien à dire ;

2° Les apathiques doués d’une intelligence puissante. Rien à en dire, s’il s’agit d’une intelligence spéculative forte ; ceux-là sont des intelligences pures, des « monstra per excessum », selon l’expression de Schopenhauer ; ils sont hors du sujet. Le deuxième cas nous montre au contraire une forme de caractère très spéciale, celle qui résulte de l’influence des idées sur les sentiments et les mouvements : ce sont les calculateurs, tels que Franklin, ou, dans l’histoire, Guillaume le Taciturne, Louis XI, etc.

Les Variétés. — Les formes supérieures des sensitifs, des actifs, des apathiques conduisent insensiblement aux types mixtes.

Sans méconnaître les objections possibles, on pourrait proposer les groupes suivants :

1° Les sensitifs-actifs : sensibilité vive sans excès, et tempérament actif, énergique. Ce sont au bas degré ceux qui mènent la vie de plaisir, qui ont un besoin purement égoïste de jouissance et d’action ; ce sont, plus haut, les martyrs et les héros fougueux qui ont besoin d’agir et de se dévouer : les grands mystiques fondateurs ou réformateurs (sainte Thérèse, saint François d’Assise), des hommes de guerre (Napoléon), des poètes comme lord Byron.

2° Les apathiques-actifs, variété qui se rapproche beaucoup des calculateurs. Elle paraît cependant plus complexe par l’addition d’une certaine quantité de sentiment ou de passion qui leur permet d’agir plutôt sous la forme défensive que sous la forme offensive. L’élément dominateur est ici l’idée. C’est par excellence le tempérament moral, d’une moralité froide, qui inspire le respect plus que la sympathie. Exemple : les fanatiques à froid, les jansénistes, etc. ;

3° Les apathiques-sensitifs caractérisés par de l’atonie et de l’instabilité, une atonie habituelle, coupée de crises de passions ; ils se rapprochent des amorphes.

4° Peut-être faudrait-il admettre ici un caractère tempéré. Mais cet équilibre ne vient-il pas en général des circonstances ; les prétendus équilibrés ne sont-ils pas des amorphes ?

Enfin les Caractères partiels sont des amorphes auxquels s’ajoute une disposition intellectuelle (aptitude innée pour les mathématiques, etc.) ou une tendance affective très prépondérante (amour sexuel, amour du jeu, etc.). D’ailleurs, ces caractères partiels sont peu stables, la nature de la passion étant d’envahir peu à peu l’individu.

Cette étude permet de répondre à la question fondamentale que les philosophes se sont posée sur le caractère, et à laquelle il a été fait allusion au début : Le caractère est-il immuable ? Si nous considérons les espèces et les variétés énumérées ci-dessus, nous pouvons dire qu’il y a, des types