Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/503

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par eux-mêmes ; et la classification qui suit parcourt quatre degrés à détermination croissante, et à généralité décroissante : les genres, les espèces, les variétés, les substituts ou équivalents du caractère ou caractères partiels.

Les Genres. — La vie psychique, dans sa plus haute généralité, se ramenant à deux manifestations fondamentales : sentir, agir, nous avons d’abord deux grandes divisions : les sensitifs et les actifs, auxquels il faut ajouter les apathiques.

1° Les sensitifs qui ont pour caractéristique une prédominance excessive de la sensibilité, et vivent surtout intérieurement.

La base physiologique de ce tempérament est sans doute un développement exagéré des sensations internes, organiques, se traduisant par une extrême susceptibilité du système nerveux au plaisir et à la peine.

2° Les actifs, qui tendent sans cesse à l’action, et vivent surtout extérieurement ; la base physiologique de ce caractère se réduit en somme à un bon état de la nutrition.

3° Les apathiques, caractérisés par un abaissement du sentir et de l’agir au-dessous du niveau moyen, un état d’atonie : cette classe correspond à peu près au tempérament lymphatique de la physiologie.

Les Espèces. — Les espèces résultent de l’intervention d’un nouveau facteur : l’intelligence. L’intelligence n’est pas un élément fondamental du caractère ; l’essentiel du caractère, ce sont les instincts, tendances, impulsions, sentiments, etc. L’observation le prouve surabondamment. L’intelligence, couche superficielle, se superpose à la couche profonde. De là la détermination possible d’espèces, résultant des doses inégales de sensibilité, d’énergie et d’intelligence combinées dans les individus.

Les sensitifs comprennent :

1° Les humbles ; sensibilité excessive, intelligence bornée ou médiocre, énergie nulle : tels sont leurs éléments constitutifs. Ils sont perpétuellement inquiets ; beaucoup d’hypocondriaques nous montrent ce type en grossissement.

2° Les contemplatifs, distingués des précédents par une intelligence supérieure. Leurs éléments constitutifs sont les suivants : sensibilité très vive, intelligence aiguisée et pénétrante, activité nulle. Cette espèce comprend des variétés assez nombreuses : telles que les indécis (Hamlet) ; certains mystiques, non les grands mystiques actifs, mais les purs adeptes de la vie intérieure (moines de toute croyance) ; les analystes, ceux qui rédigent un journal, tels que Maine de Biran, ou les contemporains, chez qui l’analyse est devenue une manie.

3° Les émotionnels, qui joignent à la sensibilité et à l’intelligence des derniers une activité intense. Cette activité a chez eux d’ailleurs sa marque propre ; elle est spasmodique, et intermittente, parce qu’elle découle d’une émotion forte, non d’un fond stable d’énergie : tels J.-P. Richter, Mozart, J.-J. Rousseau.

Les actifs comprennent deux espèces, selon que l’intelligence est puissante ou médiocre :