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où le professeur veut bien la leur donner ; la confiance d’une classe est un des avantages qui s’obtiennent au moindre prix.

Si l’on nous demande maintenant quel système nous opposons à celui de M. Mélinand, nous dirons que nous ne voulons nullement opposer système à système ; mais plutôt montrer l’insuffisance et l’étroitesse de tous les systèmes. Il est relativement aisé de se faire un idéal : il est plus difficile de le réaliser, parce que, dans sa réalisation, il faut bien tenir compte d’une foule de circonstances qu’on avait omises, lorsqu’on se préoccupait seulement de formuler l’idéal. Le but éducatif de l’enseignement est de développer l’initiative de la pensée ; il est donc désirable de faire aussi grande que possible la part que les élèves prennent à la classe ; et la causerie est un moyen très direct d’y arriver. Voilà l’idéal ; ne regardez que lui, et vous direz : le dialogue est la vraie méthode d’enseignement. Mais tournez-vous vers les faits ; considérez l’insuflisante maturité d’esprit de vos élèves, la difficulté des problèmes philosophiques ; et vous conclurez que le cours, sous une forme ou sous une autre, s’impose à nous. La vraie difficulté, c’est de combiner les deux méthodes ; ici nous n’arriverons jamais à nous satisfaire pleinement ; mais qu’y pouvons-nous faire ? nous pouvons toujours chercher le mieux, sans jamais trouver le parfait. Tantôt la difficulté sort du sujet lui-même, tantôt elle vient de nous, qui n’avons certes pas tous les talents ; ailleurs, elle naît des circonstances : comment soumettrait-on une classe forte ou peu nombreuse au même régime qu’une autre qui serait faible ou très peuplée ? En général il faut tenir compte à la fois de tous ces éléments ; et dès lors où est la théorie qui suffirait à nous indiquer dans chaque cas la conduite à tenir ?

Défions-nous un peu plus de la pédagogie soi-disant scientifique, qui est de mode aujourd’hui. Elle n’est que théorie ; et elle est trop simple. Qui pourra jamais compter les fautes commises au nom des principes ? Tâchons de ne pas trop grossir pour notre part un total déjà formidable.

Marcel Bernès.