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vertu desquelles les impressions affectives sont localisées ou rapportées à différents points de l’étendue du corps propre et à un objet ou cause extérieure. Observez que les intuitions visuelles et tactiles, différentes en cela des affections, s’offrent au contraire au sens naturellement coordonnées entre elles dans un espace, et indépendamment de toute association (ces modes de coordination par juxtaposition ne forment pas non plus une troisième idée séparée des intuitions coordonnées, de même que les rapports de causalité, de localité dans les sensations affectives), de toute perception intellectuelle de rapports telle qu’elle pourrait avoir lieu seulement dans l’autopsie. Aussi admets-je la plupart des phénomènes relatifs aux intuitions que vous distinguez dans votre classification et que vous placez avant l’autopsie. Mais je ne conçois pas que le mot intuition puisse vous suffire pour exprimer avant et après l’autopsie indistinctement des phénomènes aussi différents que le seraient, par exemple, une perception de résistance comme celle de notre aveugle à ongle aigu, et une odeur, une douleur intérieure, etc. Il faut ajouter que les modes de coordination inhérents aux intuitions n’emportent point avec eux le rapport de causalité, comme les sensations où ce rapport entre nécessairement et devient la condition essentielle du passage de l’affection à la sensation.

Je ne conçois pas non plus le phénomène des coordinations immédiates et subséquentes et des combinaisons appliquées à des sensations affectives comme les odeurs, les saveurs, qui par le fait ne se coordonnent point dans l’espace et le temps, comme le font les intuitions visuelles et auditives et ne laissent aussi après elles que les traces les plus fugitives dans le souvenir.

Je dois justifier ici l’emploi du mot intuition appliqué à l’espèce particulière de phénomènes que j’ai cru pouvoir désigner ainsi. Vous pensez que celui de perception aurait mieux convenu et c’est ainsi qu’en ont jugé certaines personnes non prévenues. J’ai choisi le mot intuition parce qu’il désigne dans le sens propre une vue ou une représentation, et sans effort. Les intuitions sont dans le sens comme les vérités nécessaires dans l’esprit, sans être liées entre elles par le rapport de causalité. Voilà aussi pourquoi le mot intuition, qui s’applique directement à un phénomène primitif, exprime par extension cette vue immédiate et claire des vérités nécessaires.

Je n’ai qu’à applaudir à tout ce qui est relatif aux deux dernières lignes du tableau, et mes observations ne portent, comme vous