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LETTRES INÉDITES DE MAINE DE BIRAN

À ANDRÉ-MARIE AMPÈRE

(Suite[1].)



V

Lettre de Biran à Ampère[2].

Je n’avais pas cru nécessaire d’avoir un terme particulier pour exprimer les traces que les affections simples laissent après elles, un de mes points de doctrine étant qu’il n’y a point de souvenir d’affections, et que, si les impressions affectives laissent des traces après elles, ce ne peut être que dans les organes qui tendent effectivement à persévérer ou à se remettre dans le même état, ainsi que j’ai cherché à l’expliquer dans mon livre de l’Habitude ; mais ce n’est là qu’un phénomène physiologique et qui ne devrait peut-être pas avoir une place dans une classification des phénomènes purement psychologiques ; quoi qu’il en soit, et en supposant même qu’il y eût quelque espèce de souvenir attaché aux affections, je ne pense pas que le terme tendance lui fût ici bien approprié, ce terme se trouvant naturellement lié à quelque idée de mouvement et exprimant mieux la détermination instinctive à se mouvoir qui suit bien réellement l’affection et lui est proportionnée ; en quoi le mot tendance exprimerait la même idée qui est attachée à votre nouveau terme d’inci-

  1. Voir le n° de Juillet.
  2. Date probable : décembre 1807 ou janvier 1808. Le deuxième paragraphe contient une allusion à une lettre d’Ampère qui porte la date du 11 novembre 1807. Le début de la lettre indique clairement que Maine de Biran se propose de répondre à une question déterminée posée par Ampère : « Je vous prie de choisir (pour désigner les traces que les affections laissent après elles) entre ces deux dénominations : tendance, inclination, et de me faire part de votre choix ».