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propriété s’étend à l’agrégat total, à l’univers, qui est nécessairement un système fermé.

Nous retrouvons ainsi, dans le domaine plus restreint, mais aussi plus précis, de la mécanique physique, la corrélation déjà signalée entre la répétition et la conservation. L’univers, uniquement composé de masses et de mouvements, est, à chaque instant, défini par son énergie potentielle et son énergie cinétique ; ces deux quantités s’échangent l’une dans l’autre, l’une n’est que le complément de l’autre, et cet échange perpétuel est en quelque sorte le symbole quantitatif de l’oscillation ou rythme dans le temps.

Si donc l’on réduit tous les phénomènes physiques à des mouvements de masses, la loi d’évolution et la loi de dissolution sont inséparables, l’évolution et la dissolution ne vont pas l’une sans l’autre, ce sont les deux périodes du rythme. L’univers, étant rythmique dans son tout et dans ses parties, n’évolue pas, ne se développe pas. Il évolue et se dissout tour à tour, et ce ne sont là que des aperçus relatifs ; car, sur la ligne indéfinie du temps, toutes les transformations sont oscillatoires, sinusoïdales ; les périodes se succèdent éternellement les mêmes ; le changement n’est qu’apparent, la permanence seule est réelle.

On ne comprend pas, alors, pourquoi le philosophe évolutionniste a séparé l’abstrait du concret, ni pourquoi, admettant le rythme, l’identité des évolutions successives de l’univers, il se refuse à en conclure l’identité des résultats de chaque évolution en particulier : « Le mouvement, comme la matière, dit-il, étant en quantité fixe, il semble que, puisque le changement dans la redistribution de la matière que le mouvement effectue rencontre une limite, quelque direction qu’il suive, le mouvement indestructible doive, par suite, nécessiter une distribution inverse. En apparence, les forces universellement existantes d’attraction et de répulsion qui, nous l’avons vu, impriment aussi un rythme à tous les changements mineurs de l’univers, impriment aussi un rythme à la totalité de ces changements, c’est-à-dire produisent tantôt une période immense durant laquelle les forces attractives prédominent et causent une concentration universelle, tantôt une période immense durant laquelle les forces répulsives prédominent et causent une diffusion universelle, des ères alternantes d’évolution et de dissolution. Alors on se forme l’idée d’un passé durant lequel il y a eu des évolutions successives, analogues à celle qui s’accomplit actuellement et d’un avenir durant