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comme une quantité mesurable, et le principe signifie que la quantité de force répandue dans l’univers demeure constante. Cet énoncé est très important, car c’est la force au sens mécanique, comme quantité vectorielle et non comme existence substantielle, supraphénoménale, qui intervient dans les raisonnements subséquents sur l’instabilité de l’homogène, la ségrégation, etc., qui aboutissent à la loi d’évolution, et c’est elle aussi qui entre seule en ligne de compte dans les lois mécaniques, physiques, chimiques qui doivent se présenter comme des conséquences du principe de la persistance.

En mécanique, la force, quantité vectorielle, est le rapport de l’accélération à la masse.

D’après Spencer, il y a deux sortes de forces : celle qui produit l’occupation de l’espace et celle qui est cause de changement. La première est ce qu’on appelle la masse ; quant à la seconde, il l’identifie avec l’énergie, qui est, en réalité, une grandeur dérivée.

Dans tous les changements sensibles, dans tous les phénomènes de redistribution de matière et de mouvement, l’élément actif, celui qui intervient comme cause des transformations est donc l’énergie, et le principe de la persistance de la Force, en ce qui concerne la force cause de changement, se confond avec le principe mécanique de la conservation de l’énergie. L’univers, dans sa totalité, devient alors ce qu’on appelle un système conservatif.

Cette remarque va nous permettre de préciser la critique de l’évolutionnisme physique basé sur la conservation de la force, en tant qu’énergie, et de poser cette question : un système conservatif évolue-t-il, à proprement parler ?

Cherchons d’abord à comprendre la véritable signification du principe de la conservation de l’énergie.

Le phénomène mécanique qui suggère immédiatement l’idée de la conservation de l’énergie, et qui conduit à la notion du système conservatif, est, sans contredit, celui du pendule en mouvement. Pendant une oscillation du pendule, l’énergie totale est constante, mais l’énergie cinétique ou actuelle et l’énergie potentielle varient en chaque point de la course du mobile. La première est maximum et


    choses en soi, le raisonnement qui en démontre la persistance nécessaire n’est point valable. Nous retrouvons ainsi, à la base du système, les deux hypothèses métaphysiques que nous avions signalées dans l’usage du concept historique : l’hypothèse de l’unité simple et absolue, de l’absolu dans l’ordre de la quantité, et l’hypothèse de la substance, de l’absolu dans l’ordre de l’existence.