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ESSAI


SUR


QUELQUES PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE PREMIÈRE


Par F. RAUH




Nous prions le lecteur de surseoir autant que possible à son jugement définitif sur ces pages, avant d’avoir lu le § IV, où bien des doctrines réfutées dans les paragraphes précédents se trouvent restituées sous une forme et peut-être avec un sens nouveau. Toute théorie de conciliation comprend deux moments inséparablement liés l’un à l’autre : le premier détruit ce que le second ne restaure pas sans doute, mais corrige et répare : aussi ne peuvent-ils être jugés isolément[1].

I


Je puis douter de tout, disait Descartes, mais non que je doute au moment où je doute, c’est-à-dire que je pense au moment où je pense. Approfondie, la proposition de Descartes demeure le fondement de la métaphysique. De quelle pensée s’agit-il, en effet, sinon uniquement, du moins essentiellement dans cette proposition ? Je ne puis douter que je croie sentir ce que je sens, de mon état de conscience en tant que tel, sans doute. Mais cette certitude : je crois

  1. Nous nous permettons aussi d’adresser à ceux qui ont bien voulu s’intéresser à notre « Essai sur le fondement métaphysique de la morale » ces réflexions qui ont en partie et surtout pour but d’éclaircir ce travail, de le rectifier même par endroits : leurs objections et leurs observations dont nous les remercions ici, si elles n’ont pas toujours suscité ces réflexions, ont du moins grandement servi à les préciser.