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des particularités propres au globe terrestre. Aujourd’hui la plupart de ces faits sont reconnus comme s’accordant avec les faits analogues qu’on peut observer dans le refroidissement lent d’un globe quelconque d’alliage en fusion entouré d’une atmosphère oxydante et animé d’un mouvement rapide de rotation. Et, par là même, le globe terrestre, sujet du changement, se dépouille de son apparence substantielle et n’est plus qu’un substrat logique de relations caractérisant les phénomènes géologiques.

Cependant, il ne faudrait pas croire que la physique soit déjà parvenue à se passer entièrement de l’hypothèse de la substance. Les théories rationnelles qui visent à l’explication synthétique d’ensembles considérables de phénomènes et à la systématisation de grands groupes de lois ne sont pas encore débarrassées du substantialisme primitif. Les derniers éléments sont conçus comme de véritables substances. Il en est ainsi des molécules et des atomes, de l’éther, élastique et gyrostatique — de la matière et de la masse elle-même. Beaucoup de chimistes, par exemple, ne considèrent plus aujourd’hui les corps simples comme des substances réellement simples et admettent qu’ils ne sont que des composés d’une matière unique et fondamentalement identique. En quoi ils ne font que reculer leur croyance à la substance en la transportant des corps simples à cette matière originelle (Urmaterie). Et combien peu de savants ne croient pas à la réalité de l’atome. « Les molécules, dit Maxwell, restent éternellement neuves et sans défauts. Pierres angulaires de l’univers matériel, elles demeurent aujourd’hui, comme dans le passé le plus reculé, parfaites en nombre, en mesure et en poids ; elles gardent à jamais les ineffaçables propriétés qui sont incrustées en elles. » Mais ces substances, qu’on ne l’oublie pas, ne sont point des concepts indispensables à la science proprement dite ; elles jouent le rôle d’inconnues auxiliaires qui disparaissent une fois le calcul terminé ; les vraies inconnues sont toujours des relations entre les phénomènes et des relations entre ces relations. Qu’on substitue les atomes élastiques aux tourbillons imaginés par Descartes, ou qu’on les remplace, à leur tour, par de nouveaux tourbillons mieux appropriés aux découvertes récentes, cela ne changera rien au résultat final qui est la systématisation des lois.

Hypothèses de la non-relativité et de la substance, telles sont, en résumé, les bases sur lesquelles s’appuie le concept d’histoire du monde extérieur et, par suite, aussi, le concept d’évolution, qui sub-