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LA PHILOSOPHIE DE L’INCONSCIENT

Par Th. DESDOUITS
Ancien professeur de philosophie au lycée de Versailles.


(Ouvrage couronné par l’Académie des Sciences morales et politiques.)
Roger et Chernoviz. Paris. 1893.

L’ouvrage de M. Desdouits se compose de trois parties, la première consacrée à une introduction historique, la dernière aux conclusions métaphysiques. Dans la seconde partie seulement (p. 84 à 150) les phénomènes psychologiques dits inconscients sont l’objet d’une étude directe. C’est que le dessein de l’auteur est non pas de révéler des faits nouveaux ou d’exposer une théorie nouvelle, mais avant tout de soumettre à un examen rigoureux la conception, aujourd’hui en crédit auprès des philosophes, d’une activité inconsciente de l’âme, d’interpréter les preuves qui ont été produites en sa faveur et de limiter la portée des conclusions qui en ont été tirées ; c’est un ouvrage de critique, et de critique dogmatique.

L’auteur distingue d’abord (p. 84) les états psychologiques et les actes psychologiques. Pour les états, qui sont les pouvoirs ou virtualités, les lois essentielles de l’âme, et aussi les habitudes, les « lois acquises », tout ce qui passe dans la nature de l’âme et devient inhérent à sa personnalité, il n’y a aucune difliculté, selon M. Desdouits, à les concevoir comme inconscients : c’est là un fonds permanent qui ne saurait disparaître avec l’acte même qui en émane. La vraie question est de savoir si l’inconscience peut subsister encore, quand l’état passe à l’acte, et c’est là ce que nie formellement M. Desdouits ; opposant analyse à analyse, il ramène l’inconscience apparente de la pensée à n’être que l’inconscience soit des conditions physiologiques de la pensée, soit des lois innées ou habituelles de l’esprit, comme par exemple dans le jeu complexe des raisonnements qui forment notre perception du monde extérieur ; tout jugement en effet suppose une affirmation explicite ou implicite du vrai, il est nécessairement, à quelque degré que ce soit, accompagné de conscience. Puis, posant cette conclusion comme le point de départ d’une nouvelle déduction, M. Desdouits prend l’offensive contre son adversaire, il essaie de démontrer que la conscience explique l’activité intellectuelle tout entière : c’est la conscience de l’efTort et de sa direction qui permet la localisation des sensations dans l’espace ; la mémoire n’est que la conscience totale où le passé, demeuré à l’état subconscient, coexiste avec le présent, et se compare à lui dans l’unité du moi ; la