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faisant partie intégrante de la pensée contemporaine, étroitement liées à l’ensemble de notre système intellectuel, décisives pour la marche et le progrès de l’esprit. Or, s’il est vrai que, d’une manière générale, les études logiques ont été trop souvent délaissées ou tenues en défiance dans notre pays, nul penseur n’a pu rester indifférent ou étranger aux questions qui forment la matière de l’enseignement de la logique. Quelle est la valeur de la logique formelle ? Quels sont les rapports de la syllogistique et de la méthode mathématique ? Que pourrait être une logique de l’invention, et, en particulier, comment déterminer les conditions de la vérité scientifique ? Qu’il nous suffise pour montrer combien ces questions ont été discutées et approfondies, de rappeler, d’une part, les efforts de Hamilton et de ses successeurs pour constituer une logique de l’extension, parallèle à la logique mathématique, ou les critiques dirigées par Stuart Mill et M. Herbert Spencer contre l’antique théorie du syllogisme et d’autre part les tentatives des savants, Auguste Comte ou Dubois-Reymond, Claude Bernard ou M. Berthelot pour expliquer leur conception de la science et ramener à des principes philosophiques leurs méthodes et leurs découvertes. — Des thèses comme celles de MM. Lachelier et Liard attestent assez les préoccupations des philosophes. La Sorbonne attend avec impatience un cours de logique, que, depuis quelques années, lui promet un de ses maîtres les plus autorisés ; elle vient d’entendre sur « l’idée de loi naturelle » un cours qui constituait une théorie complète des méthodes. Enfin pouvons-nous oublier qu’il eût peut-être été permis à la jeunesse française d’entendre professer une « Doctrine de la science », comparable par sa richesse et sa fécondité aux spéculations de Hegel, par sa solidité et sa rigueur, aux théories d’A. Comte, si une chaire de logique eût existé, du temps où Gournot vivait ?

De même, n’est-il pas regrettable que ni M. Ravaisson, ni M. Fouillée, ni M. Renouvier n’aient été mis en mesure d’exposer, dans une chaire publique, leurs conceptions différentes de la morale. En même temps qu’il devient moins nécessaire de mêler aux questions morales les questions théologiques, et d’affirmer ou de nier, dans une chaire de l’État, une religion positive, la discussion impartiale d’une morale rationnelle devient plus aisée, et c’est un devoir plus impérieux pour l’État d’user de son autorité pour ouvrir cette discussion. En agissant de la sorte, il suivra simplement l’initiative de l’opinion publique qui cherche, aujourd’hui plus que jamais, dans le progrès