Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ENSEIGNEMENT




LA PHILOSOPHIE AU COLLÈGE DE FRANCE




Les établissements d’enseignement supérieur poursuivent en général un but déterminé, remplissent une fonction définie. Les Facultés des Lettres et des Sciences ont pour charge d’instruire ceux qui répandront à leur tour l’instruction ; le nombre et la répartition des chaires, le mode de l’enseignement, le recrutement des élèves, y sont, ou y doivent être, déterminés par la nature de certains examens et de certains programmes. À côté des cours et des conférences, des cours libres ont été institués à l’usage du grand public, c’est-à-dire pour satisfaire à la demande toujours croissante d’auditeurs qui, sans ambition de grades comme sans prétentions scientifiques, sont avides d’apprendre ou d’entendre. Enfin, l’École des Hautes-Études a reçu, semble-t-il, de son fondateur la mission d’étendre le domaine des connaissances acquises, de travailler à la formation même de la science ; par là même, elle a dû se restreindre à un nombre limité d’investigations spéciales, études d’histoire religieuse ou recherches philologiques.


Le Collège de France n’est rien de tout cela uniquement, et il est tout cela à la fois. Il paraît donc légitime de le considérer, ainsi qu’on fait d’ordinaire, comme l’expression résumée, et la plus haute en même temps, de l’enseignement supérieur. Il ne répond à aucun besoin déterminé, ce qui a l’air d’être une faiblesse, et ce qui est une force ; car il est assuré de ne pas disparaître avec ce besoin même. On peut le comparer, sous ce rapport, à l’Institut ou, plus particulièrement, à l’Académie française : il a sa raison d’être en lui-même, il est parce qu’il est. Cette situation privilégiée, « unique », qui promet au Collège de France de durer, tant qu’il saura maintenir