pent sur l’état primitif de l’écorce terrestre et nous ne pouvons que conjecturer la nature du potentiel de vie. La seule chose que nous puissions inférer avec quelque sécurité, c’est que les premières formes vivantes ont été peu nombreuses, nullement capricieuses, mais construites par le potentiel de vie selon la loi même de son activité et modifiées selon les indications mêmes de l’état du milieu terrestre, de sorte que la vie s’y manifestât dans les meilleures conditions alors possibles en un point donné de l’écorce terrestre. Que devons-nous entendre ici par les meilleures conditions possibles ? Sans doute celles qui permettaient à la conscience de sortir de l’obscurité complète, pour poindre autant que possible, et ce devait être une lueur infiniment faible au début. Le régime des climats s’est peu à peu fixé, et l’adaptation des organismes aux climats s’est en même temps perfectionnée par tous les avantages que la concurrence vitale et la lutte pour l’existence mettaient en relief et en valeur et que fixait l’hérédité dans chaque génération de formes organiques.
La vie encore à l’état virtuel, le potentiel de vie, quand il eut rencontré, par suite du refroidissement de la terre, des conditions favorables à son organisation, c’est-à-dire à sa mise en communication avec le milieu terrestre, s’y manifesta sous une forme d’abord extrêmement simple. Il y a lieu de supposer que le premier éveil de la conscience sur la terre date ou, du moins, fut très rapproché de cette première formation organique, la plus élémentaire de toutes, mais que cet éveil fut infiniment voisin de l’inconscience, fut à peine analogue à l’état intermédiaire entre le sommeil absolu et le rêve — état moins conscient même que le plus léger songe. — Il y a lieu de supposer aussi que l’éveil de la conscience sur la terre est devenu de moins en moins obscur, de plus en plus net jusqu’à la conscience réfléchie qui prononce « moi » dans le cerveau de l’homme, à mesure que l’organisation du potentiel de vie est devenue plus complète, plus appropriée à l’essence intime de la vie même, de manière à permettre le plus d’impressions possible sur la sensibilité virtuelle par la division croissante du travail de communication entre le principe de la vie et son milieu terrestre, en d’autres termes, par la multiplicité croissante des organes de relations.
La sensibilité ! N’est-ce pas au moment où elle se manifeste que l’évolution commence à pouvoir s’appeler progrès dans l’acception de tendance au mieux ? Supprimons en effet toute sensibilité, du