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SUR L’ORIGINE DE LA VIE TERRESTRE




I

L’Univers change d’état sans cesse ; ce qu’il est à un moment quelconque de sa variation totale est déterminé par ce qu’il était au moment précédent et détermine ce qu’il sera au suivant. Le développement perpétuel des accidents qu’il implique, de son contenu phénoménal, en un mot son devenir est ce qu’on nomme l’évolution. Que l’évolution soit progressive, dans l’acception morale de ce mot, c’est une question que nous ne nous proposons pas de traiter ici ; nous considérerons seulement la vie dans son origine.

L’homme ne peut étudier l’évolution que dans le champ limité de ses perceptions, dans ce qu’atteignent ses sens, spécialement dans les phénomènes terrestres. La géologie, appuyée sur la théorie du système solaire de Laplace, admet que notre globe est un fragment de la masse centrale du système, un fragment de soleil, qui en se refroidissant peu à peu s’est recouvert d’une croûte solide après avoir pris la forme sphéroïdale aplatie aux pôles en subissant l’action du soleil et celle de la force centrifuge par sa rotation autour de celui-ci. Dans cette théorie, la terre serait encore à l’état incandescent et liquide sous son écorce solide. Mais alors se présente une difficulté bien embarrassante quand on cherche à expliquer l’apparition de la vie sur la terre. Avant d’aborder cette difficulté il importe de préciser ce que signifie ce mot vie.

La notion la plus naïve, la plus rudimentaire de la vie est toute faite d’anthropomorphisme ; les enfants la puisent dans leur propre conscience. Ils prêtent spontanément la vie à toute forme dont l’expression ressemble de près ou de loin à la physionomie humaine, ou qui leur semble soit se mouvoir comme eux-mêmes par une activité propre, autonome, par une volonté, soit donner quelque