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mant les mêmes intervalles. Ce récit est certainement inexact dans ses détails. Nous savons en effet que pour produire les sons indiqués avec une même longueur de corde, les poids suspendus devraient être proportionnels non pas aux nombres 2, et , mais à leurs carrés, 4, , . Ce sont les longueurs des cordes différentes tendues par des points égaux qui sont proportionnelles aux nombres eux-mêmes. C’est probablement ce que dut vérifier Pythagore, Prenait-il les nombres dans l’ordre croissant, , , , 1, pour les sons de plus en plus bas, comme y conduisait naturellement la considération de la longueur des cordes, ou bien, comme le fera déjà Platon (pour qui une plus grande hauteur de son correspond à une plus grande vitesse de l’air), Pythagore prenait-il, lui aussi, les nombres dans l’ordre inverse des longueurs des cordes, il nous est impossible de rien affirmer à ce sujet : mais en tous cas, le fait essentiel pour nous, et qui, celui-là, n’est, je crois, contesté par personne, c’est que Pythagore, le premier, fit correspondre des nombres aux sons.

Or imagine-t-on quelque chose qui semble échapper au nombre plus qu’une sensation ? Voyez quelle peine ont eue à naître et à se développer les recherches de psycho-physique ! Voyez en quelle suspicion nous les tenons malgré nous, préoccupés le plus souvent de trouver les points faibles des théories ? Ose-t-on enseigner la psycho-physique ? Il a fallu l’initiative audacieuse du maître qui dirige vos études de philosophie pour que nous ayons cette année à Montpellier un cours de psychologie physiologique. Si aujourd’hui, après que vingt-cinq siècles de méditations et d’expériences de toute espèce n’ont fait que confirmer sans cesse l’adaptation des choses à la quantité, nous avons tant de répugnance à prendre au sérieux l’introduction du nombre dans le domaine psychique, sentez-vous quelle impression dut produire à Pythagore la révélation d’un rapport constant entre des sensations auditives et des nombres déterminés ?

Le voyez-vous enfin portant successivement ses investigations dans tous les sens, et retrouvant le nombre partout, dans les surfaces et les solides géométriques, dans les mouvements des corps célestes, dans le mécanisme entier de l’univers, et jusque dans les